L'espoir d'Astana: comment les négociations sur la Syrie influencent la vie dans le pays

© Sputnik . Mikhail Voskresenskiy / Accéder à la base multimédiaПригород Дамаска Дума после освобождения от боевиков
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Les habitants de pratiquement toutes les grandes villes syriennes ont aujourd'hui le sentiment de paix et de calme. La frontière libanaise est débordée, les «voyageurs» font la queue pour entrer en Syrie, et non pour sortir, comme ce fut le cas il y a quelques années.

Le processus de paix est devenu aux yeux des Syriens ordinaires un mécanisme complexe de plusieurs niveaux, qui apporte au final certains résultats positifs. Des habitants de Damas, des politiciens et des journalistes ont partagé leur vision des négociations de Genève, d'Astana et de Sotchi.

A Genève on parlait pendant qu'on faisait la guerre en Syrie

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Khalil, un jeune homme ambitieux d'environ 30 ans, a ouvert encore en 2016 un petit magasin alimentaire dans le quartier d'ambassades de Damas. Ce quartier de la capitale syrienne a également subi des bombardements durant toutes les années de crise, cependant pour des raisons évidentes il restait parmi les plus sûrs.

«Tu sais, en gros, en tant que citoyen ordinaire ne je comprends pas ces négociations (de Genève, ndlr). Ceux qui ont essayé de détruire le pays se sont réunis pour la centième fois, et alors? Nous avions peur de sortir dans la rue à cause des bombardements, et cela n'a pas changé. Notre armée et les Russes qui mènent ici sur le terrain les négociations ou l'opération militaire — c'est la force, et on ressent le résultat. La Ghouta orientale a été libérée, et maintenant la vie est devenue très bien à Damas — on peut se développer sans rien craindre», déclare Khalil en souriant et en caressant sa barbe soignée.

Le contrôle de la Ghouta orientale (banlieue Est de Damas) a été rétabli par l'armée fin mai. L'opération militaire a duré plusieurs mois. Il a été possible de libérer les grands bastions et le centre de Ghouta, Douma, en grande partie grâce aux efforts des officiers du Centre pour la réconciliation des belligérants qui étaient en négociations continues avec les chefs de bande pour les persuader de déposer les armes et de partir à Idlib, s'ils ne veulent pas vivre en paix à Damas.

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Aujourd'hui, la vie bouillonne à Damas dans tous les sens du terme. Les embouteillages sur les routes à cause de l'affluence de voitures sont comparables à ceux de Moscou. Différentes délégations d'affaires visitent la capitale pratiquement tous les jours. Dans la vieille ville où les mines tuaient pratiquement tous les jours des civils, il est possible de voir aujourd'hui de nombreux cafés, de voir des affiches «Bienvenue» sur les portes de mini-hôtels dans le style oriental — ces hôtels avaient fermé il y a près de 7 ans: personne ne souhaitait vivre dans un conte de fées oriental sous les bombardements.

«Je lis régulièrement l'actualité sur le déroulement des négociations. Nous attendions toujours le moindre succès. Mais Genève, c'est ridicule. Pendant qu'ils feignaient de chercher une solution pacifique, notre armée avec l'aide des amis russes et iraniens libéraient le terrain, sauvaient des gens. Rappelez-moi, quelles choses ont changé en bien dans notre vie après les négociations de Genève? Aucune! Seulement les attentats à la veille des négociations viennent à l'esprit», partage son avis Tarek, employé de l'hôtel Beit Zaman dans le quartier Bab-Charki dans la vieille ville. Aujourd'hui, un tiers des chambres est occupé, la plupart des résidents sont venus d'autres grandes villes du pays pour voir la vie dans la capitale après la guerre.

Astana a apporté l'espoir

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Une atmosphère confortable a été créée par le patron du café à côté de cet hôtel. Abou-George a ouvert son établissement il y a moins d'un mois. Selon lui, avant la guerre en journée il était pratiquement impossible de trouver une place libre dans le café. Les touristes étaient assis à de petites tables pratiquement sur le trottoir et observaient la vie effervescente de l'ancien marché arabe. Il est possible de revivre tous ces sentiments à nouveau, à l'exception d'un arrière-goût amer à cause d'un cratère d'obus près du café.

En buvant une tasse de thé Abou-George la conversation aborde les négociations sur la Syrie avec les collègues syriens.

«Plus concrètement, les négociations sont une étape importante pour ce que nous avons aujourd'hui. Mais pas les négociations de Genève. Les négociations d'Astana ont débouché sur la création de zones de désescalade, elles ont également un terrain pour les contacts entre les belligérants. A Astana se sont réunis ceux qui pouvaient influencer la situation sur le terrain. En tant que Syrien ordinaire, je trouve les négociations importantes. C'est le résultat qui est important, le fait que les bombes ne tombent pas sur la tête, que mes enfants vont tranquillement à l'école», déclare Mohammed journaliste d'un média public syrien.

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Il s'est activement plongé dans le thème existentiel à la veille du nouveau cycle des négociations sur le processus de paix au format d'Astana qui doit se dérouler à Sotchi. En analysant la logique du collègue nous obtenons une chaîne du processus de négociations. D'après Mohammed, depuis le début Genève était inefficace: rien de positif n'a été fait pour le règlement de la crise syrienne parce qu'à Genève se réunissaient les représentants de l'opposition étrangère qui représentaient les intérêts de différents pays, mais pas de la Syrie, et qui n'avaient pas de soutien dans le pays.

«Astana a montré un résultat réel sur le terrain, la tension a diminué dans de nombreuses provinces. Des choses concrètes ont commencé. Les participants évoquaient les questions cruciales, et surtout ils trouvaient des points de convergence. La Russie a joué un rôle immense. Elle s'est portée garante, elle a fait des propositions concrètes et a tenu sa parole — cela a apporté aux Syriens un espoir pour l'avenir pacifique. Notez une chose. A la Russie ne font pas confiance seulement ceux qui sont du côté du gouvernement, en fait, ceux qui sont de l'autre côté des barricades font également confiance à la Russie, puisqu'ils ont cru aux garanties de Moscou», explique Mohammed.

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«Les alliés, notamment la Russie, ont effectivement obtenu un grand niveau de confiance parmi les Syriens. Et cela a été obtenu par les actions réelles et les résultats, et non des promesses vides. Je voudrais poursuivre sur Sotchi (Congrès du dialogue national syrien). Au début, tout le monde ne savait pas jusqu'au bout où pourrait mener une telle rencontre. Mais pour la première fois depuis des années il a été possible de réunir les Syriens de toutes les couches sociales au même endroit où ils ont au moins essayé d'entamer une discussion sans leurs conseillers étrangers. En gros, nous, les Syriens ordinaires, nous n'avons pas besoin de grand-chose — le sentiment de sécurité, la stabilité, la possibilité de revenir chez eux pour ceux qui sont partis. Et les négociations ont été la méthode la plus efficace pour atteindre ces fins», déclare la journaliste Oulia, qui appelle le patron de l'établissement pour demander son avis en tant que quelqu'un qui n'est pas du tout lié à la politique.

«Voilà ce que je vais vous dire: nous avons une armée, le Président et la Russie. Sans l'aide, les radicaux nous auraient déjà tous tués. Personnellement leurs discussions ne m'intéressent pas — c'est de la mascarade. Alors que sur le terrain, l'armée est venue, les Russes ont sérieusement parlé avec les combattants — et voilà le résultat de la diplomatie militaire: Homs est libre, Damas est en paix et bientôt tout le sud revivra. Nous, les Syriens, nous voulons tout simplement vivre normalement», dit Abou-George visiblement fatigué.

Les Syriens, étant des Orientaux, participent toujours avec plaisir à un dialogue ou à une polémique: avec du thé, du café et un narguilé un Syrien peut réfléchir, débattre et philosopher toute la nuit.

«Les Syriens étaient forcés à vivre dans l'espoir»

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Une réunion au format d'Astana est prévue pour les deux derniers jours de juillet à Sotchi, avec la participation des représentants des pays garants de la trêve en Syrie (Russie, Iran, Turquie) et de l'envoyé spécial de l'Onu Staffan de Mistura. En marge de cet événement il est prévu d'organiser une réunion du groupe de travail pour l'échange de détenus et la recherche de disparus.

En analysant les avis des journalistes et des citoyens ordinaires le tableau est dans l'ensemble clair sans divergences apparentes: les Syriens croient aux négociations initiées par la Russie — un allié devenu un «pont d'espoir» entre la guerre et la paix en Syrie.

Pour compléter le tableau il ne manque plus que l'avis d'un politicien. C'est intéressant de savoir s'il est très différent du regard des simples citoyens. Quelques heures après la polémique chez Abou-George, l'auteur de ces lignes parle au téléphone à la députée syrienne Makha Chbib dans le quartier Abu-Rumman dans un parc tranquille avec un bassin artificiel et des lumières chaudes.

«Vous voyez, Genève n'a eu aucune influence, cela ressemblait à un marathon: Genève-9, ensuite 10. La solution est toujours à l'intérieur. Ceux qui ont influencé négativement le sort de la Syrie depuis l'extérieur, comment peuvent-ils proposer une solution? Ceux qui sont à Genève font partie de la crise. Le thème de Sotchi est différent: la Russie a aidé à stopper l'agression contre la Syrie et a empêché l'effondrement du pays. Astana a fait son affaire. Il a créé des zones de désescalade, mais elles ne sont plus d'actualité aujourd'hui après les succès (de l'armée syrienne)», explique la députée.

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«Après chaque détermination de la zone de désescalade elles étaient enfreintes. C'est pourquoi il n'y avait pas d'autres solutions hormis la force en parallèle avec la trêve. La trêve jouait un rôle important. Toutes les parties avaient compris que l'objectif initial consistait à détruire la Syrie, et non chercher la démocratie ou une réforme politique. Les citoyens syriens vivaient en temps de guerre, et tout ce qui se passait aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Syrie était important pour lui. Les Syriens étaient forcés à vivre dans l'espoir», poursuit la députée.

Makha Chbib est convaincue que la vie du peuple syrien ne doit pas dépendre des caprices d'autres pays. «La Russie a été touchée par les sanctions. Le rôle de la Russie est déjà inscrit dans l'histoire. Avec l'aide de Dieu, grâce à Sotchi les Syriens passeront à l'étape supérieure», dit-elle.

La question de l'Occident préoccupe manifestement la députée. Cette dernière est persuadée que les USA et leurs alliés ne laisseront pas la Syrie tranquille est chercheront à causer des ennuis à ce pays, parce qu'ils ont leurs propres intérêts géopolitiques et ne veulent pas croire à leur défaite.

D'un autre côté, en contrepoids à l'Occident, l'interlocutrice cite l'exemple des actions de la Russie qui, en soutenant la Syrie dans la lutte contre le terrorisme, continue de l'aider. Le processus de retour des Syriens dans leur foyer a déjà commencé activement, les villes et les villages détruits par la guerre sont en reconstruction. En prenant les devants sur les accords politiques internationaux la Syrie s'empresse de rétablir la vie pacifique, comme l'espère depuis huit ans tous ses citoyens.

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