Saisie de cocaïne à Oran: pour l’avocat de l’accusé l’affaire n’a pas livré ses secrets

© REUTERS / Carlos JassoEmballages de cocaïne
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L’avocat de Kamel Chikhi, le principal accusé dans l’affaire des 701 kg de cocaïne saisie à Oran en Algérie, a déclaré le 5 août dans un entretien donné au journal El Watan qu’il y avait dans cette affaire «des faits troublants» soulevant des questionnements à décharge, quant à la responsabilité de son client dans l’importation de ce stupéfiant.

L'affaire de la saisie le 29 mai de 701 kg de cocaïne à bord d'un bateau dans le port de la ville d'Oran, censé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi, surnommé «Kamel le boucher», continue d'occuper le devant de la scène médiatique en Algérie.

Dans un entretien donné au quotidien El Watan, le 5 août, Me Saïd Younsi, l'avocat du principal accusé dans cette affaire Kamel Chikhi, a expliqué qu'il y avait des détails troublants et des zones d'ombre qui soulèvent beaucoup de questionnements sur les tenants et les aboutissants de cette affaire qui n'a pas encore livré tous ses secrets.

«À Valence, le conteneur en question [contenant les 701 kg de cocaïne, ndlr] a été ouvert, sans la présence des personnes concernées, puis refermé», a déclaré l'avocat. «Valence est un port de transit. Les autorités n'ont pas le droit de procéder à l'ouverture des conteneurs sans la présence du représentant de la société de transport maritime, du commandant de bord et du chargé de la sécurité des conteneurs à bord du navire», a-t-il précisé.

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Selon le juriste, même en cas de soupçons avérés, les responsables cités ci-dessus doivent être présents à l'ouverture du conteneur. «Or, tous disent ne pas avoir été informés», a-t-il souligné. Tout en affirmant ne pas avoir la réponse à la question de savoir pourquoi on a procédé à l'ouverture du conteneur sans respecter la procédure légale, l'avocat a indiqué que «les autorités portuaires affirment qu'elles avaient des soupçons sur le contenu et à ce titre elles ont pris la décision de faire une visite de contrôle, qui n'a rien décelé».

M.Younsi a affirmé que «lorsque Kamel Chikhi a vu les images des boîtes de viande contenant de la drogue diffusées sur les chaînes de télévision, il n'y croyait pas. Il a envoyé un de ses agents au port d'Oran, pour vérifier de visu».

Après vérification de près, «l'agent l'a rappelé pour lui dire que le conteneur en question était le sien, mais pas les scellés. Ils ont été changés. Raison pour laquelle, Chikhi était à l'aise».

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Immédiatement après la confirmation par son agent que leur conteneur montré à la télévision nationale appartenait effectivement à sa société, Saïd Younsi a affirmé qu'«un mail a été envoyé [par Kamel Chikhi, ndlr] au fournisseur brésilien, qui a transmis tous les documents attestant les différents contrôles effectués au port de Santos avant l'embarquement de la marchandise à bord du navire, mais aussi à l'abattoir avant que celle-ci n'arrive au port». «Chikhi n'a pas été sur place [au Brésil, ndlr] depuis 2009, et ses importations auprès du même fournisseur datent de 2007. Comment peut-il ramener une telle quantité de drogue sans se déplacer pour négocier et mener la transaction? C'est invraisemblable», s'est-il demandé.

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Abordant la façon dont cette affaire de cocaïne est gérée en Algérie depuis l'arrestation de son client, commentant, en particulier, les informations sur un filtrage présumé des images, enregistrées par les caméras de surveillance installées dans le bureau de Kamel Chikhi, pour épargner certains hauts responsables, le bâtonnier a déclaré que «je ne veux pas être affirmatif, mais il y a des faits troublants qui suscitent des interrogations».

«Parmi les images, on voit un conservateur dans le bureau de Kamel Chikhi, avec un juge, président d'un tribunal administratif. Le conservateur est en prison, le magistrat n'a jamais été inquiété. Je ne dis pas que ce dernier est impliqué», a-t-il signalé. «Plus grave encore, il y a aussi cette visite à Kamel Chikhi d'un responsable au ministère de la Justice. Pour quelle raison ce responsable se déplace-t-il en prison pour discuter avec Kamel Chikhi?», a-t-il ajouté

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Plus troublant encore, «si l'on se réfère au dossier, Kamel Chikhi a été mis en prison parce que la drogue était dissimulée dans une marchandise qui lui était destinée», a expliqué Me Younsi, «à supposer que c'est la vérité, pourquoi ni le fournisseur, ni les membres de l'équipage, ni la compagnie maritime de transport n'ont été appréhendés? Pourquoi Chikhi est le seul à avoir été placé en détention, alors qu'il est poursuivi pour commerce international de drogue?», s'est-il interrogé.

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Pour rappel, les importants changements qui ont touché tous les services de sécurité algériens, de l'armée, des douanes, de l'administration, de la justice et finalement du conseil constitutionnel ont fait couler beaucoup d'encre sur les dessous de cette affaire de cocaïne. Certains analystes y voient un signe de corruption et d'introduction de l'argent sale de la criminalité dans les rouages de l'État algérien. D'autres pensent que les répliques du séisme provoqué dans le pays par la saisie de cette cocaïne se feront sentir même lors des prochaines élections présidentielles d'avril 2019.

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«L'élément le plus important c'est que toute cette histoire de cocaïne a réveillé des ambitions au sein d'un groupe de l'armée elle-même. Grâce à ça, ils ont réussi à commencer le détricotage, le démaillage du clan Bouteflika», affirme à Sputnik Mohammed Elias Rahmani, un ancien haut gradé des services de renseignement militaire algériens, ayant servi au sein de la Direction centrale de la sûreté de l'armée (DCSA). «Il n'y aura pas de 5e mandat car le chapitre Bouteflika est clos», a-t-il ajouté.

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