L'affaire de la saisie le 29 mai dernier de 701 kg de cocaïne à bord d'un bateau dans le port de la ville d'Oran, censé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi, surnommé «Kamel le boucher», continue de défrayer la chronique en Algérie. Et pour cause, les importants changements qui ont touché tous les services de sécurité du pays, de l'armée, des douanes, de l'administration, de la justice et finalement du conseil constitutionnel ont fait couler beaucoup d'encre sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. Certains analystes y voient un signe de corruption et d'introduction de l'argent sale de la criminalité dans les rouages de l'État algérien. D'autres pensent que les répliques du séisme provoqué dans le pays par la saisie de cette cocaïne se feront sentir même lors des prochaines élections présidentielles d'avril 2019.
«L'élément le plus important c'est que toute cette histoire de cocaïne… a réveillé des ambitions au sein d'un groupe de l'armée elle-même. Grâce à ça, ils ont réussi à commencer le détricotage, le démaillage du clan Bouteflika», affirme à Sputnik Mohammed Elias Rahmani, un ancien haut gradé des services de renseignement militaire algériens, ayant servi au sein de la Direction centrale de la sûreté de l'armée (DCSA). «Il n'y aura pas de 5e mandat car le chapitre Bouteflika est clos», a-t-il ajouté.
Selon Mohammed Elias Rahmani, évoquant les récents limogeages de responsables qui ont touché les services de sécurité du pays en plus de l'armée et des douanes tous mêlés, selon lui, à cette affaire de cocaïne, arrivant jusqu'au remplacement de cinq membres du Conseil constitutionnel, un plan bien ficelé pour l'élection présidentielle de 2019 a bel et bien été mis en marche.
«On est en train de mettre en avant le seul courant islamiste qui est légal au pays, c'est le MSP [Mouvement pour une société de Paix, ndlr] et ça c'est un précurseur un petit peu d'un scénario à l'égyptienne», a déclaré l'ancien gradé de l'armée algérienne.