L'affaire de la saisie, le 29 mai, de 701 kg de cocaïne à bord d'un bateau dans le port de la ville d'Oran, supposé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi surnommé «Kamel le boucher» continue de défrayer la chronique en Algérie. En effet, suite à ses déclarations concernant cette affaire, le 26 juin, le général-major Abdelghani Hamel, le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), a été limogé par le Président Abdelaziz Bouteflika et remplacé par le colonel Mustapha-Lakhdar El-Habiri, selon un communiqué de la présidence de la république cité par l'Algérie Presse Service (APS).
Implication de juges dans l’affaire de la cocaïne / On veut “faire dévier l’enquête” https://t.co/4OQ33mpqDD pic.twitter.com/an7OlDubsB
— Algerie-Focus.com (@devoirdesavoir) 24 июня 2018 г.
Le général Hamel a ouvertement critiqué la manière avec laquelle a été menée l'enquête préliminaire par les forces navales algériennes dénonçant des dépassements. Le même jour, en visite à la 2e région militaire à Oran, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée algérienne et vice-ministre de la Défense nationale, a félicité les efforts menés par la marine algérienne ayant abouti à l'interception de cette cargaison de cocaïne.
Le général Hamel, puissant chef de la police algérienne, limogé par Bouteflika https://t.co/T4sz9c2vee
— Le Parisien (@le_Parisien) 26 juin 2018
«Il y a eu des dépassements et des violations lors de l'enquête préliminaire, mais les juges étaient vigilants et ont tranché en évitant la dilution des choses», a déclaré à la presse l'ancien chef de la police algérienne. «Là, je dis que celui qui veut lutter contre la corruption doit être propre», a-t-il ajouté, en affirmant que «l'institution de la police est déterminée à poursuivre son travail et à continuer la lutte contre la corruption».
Tout en affirmant que la police transmettra tous les dossiers en sa possession sur l'affaire de la cocaïne à la justice, M.Hamel a souligné que «personne ne peut arrêter l'institution policière avec les allégations, les manipulations ou en lui faisant peur. Nous résistons».
Les officiels algériens semblent divisés sur l'explication des dessous de cette affaire de saisie de la cocaïne. Il y a ceux qui voient en elle une agression extérieure et ceux qui la lie uniquement à la corruption.
En effet, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a déclaré, le 23 juin, à Alger, lors d'une conférence de presse que «lorsqu'on voit le flot de drogue qui s'abat sur nos frontières de plusieurs destinations, nous considérons que nous ne sommes pas dans l'excès de qualifier cela d'agression».
Mohammed Elias Rahmani, un ancien haut officier de l'ANP et fondateur du parti politique Front des forces vives à Paris, a une toute autre analyse de cette affaire. Dans une vidéo publiée le 25 juin sur la chaîne YouTube de son parti, il a estimé que la cocaïne interceptée à Oran rentrait dans le cadre du narco-terrorisme et non pas dans celui du narcotrafic et de la corruption, comme veut bien le faire croire la vague de déclarations de certains officiels et le traitement médiatique qui s'en est suivi. Pour lui, le fait que c'est l'armée algérienne qui a intercepté cette cargaison confirme la thèse qu'il avance.
«Ils sont en train d'orienter l'opinion publique dans une fausse piste sur cette question de la cocaïne. Ils parlent de corruption autour de cette affaire mais dans le but de la noyer», a déclaré l'ancien officier. «Le fond de cette affaire est la cocaïne. Qui a payé cette cocaïne, comment l'argent est sorti du pays et qu'elle était sa destination finale?», a-t-il ajouté.
Pour rappel plusieurs magistrats et plusieurs hautes personnalités, dont le fils d'un ancien Premier ministre ou encore plusieurs maires et walis ont été inculpé pour trafic d'influence, dans cette affaire qui est sans précédent dans l'histoire de l'Algérie.