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Donbass. Opération russe
La Russie a lancé le 24 février 2022 une opération militaire spéciale en Ukraine pour protéger les habitants du Donbass subissant le blocage et les attaques de Kiev depuis 2014.

L’initiative de paix africaine montre que le continent "n’est pas en marge de l’humanité"

© Sputnik . Пресс-служба МИД РФ / Accéder à la base multimédiaSergueï Lavrov et le Président sud-africain Cyril Ramaphosa
Sergueï Lavrov et le Président sud-africain Cyril Ramaphosa - Sputnik Afrique, 1920, 19.05.2023
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La mission de paix africaine qui se rendra bientôt à Moscou et Kiev prouve que le continent sait prendre ses responsabilités sur la scène internationale, explique à Sputnik deux politologues africains. Le non-alignement de l’Afrique peut aussi servir les négociations.
L’Afrique prouve qu’elle a un rôle à jouer sur le plan international en envoyant une mission de paix pour tenter de recoller les morceaux entre Kiev et Moscou, a expliqué à Sputnik Benoît Ngom, président de l'Académie Diplomatique Africaine.
Le politologue souligne que le continent a déjà joué les médiateurs par le passé, en créant par exemple le célèbre "comité des Sages" en 1971, pour chercher une solution au problème israélo-palestinien. Les Présidents sénégalais, camerounais ou nigérians étaient alors de la partie. L’initiative pour la paix en Ukraine met ainsi ses pas dans ceux de ces aînés.

"L'Afrique montre à travers cette initiative qu’elle souhaite être un acteur des relations internationales […]. Les chefs d'États africains montrent que le continent n'est pas en marge de l'humanité, qu’il sait prendre ses responsabilités", explique ainsi Benoît Ngom.

Une opinion partagée par le politologue burkinabé Bayala Lianhoué Imhotep, qui ajoute que l’initiative africaine peut aussi se comprendre comme un geste d’émancipation. Le continent ne voulant plus laisser les anciennes puissances colonisatrices tenir le haut du pavé en matière de diplomatie.

"C'est aussi le sacre de l'émancipation des pays africains qui était sous tutelle de l'Occident. Ils ont compris qu'il fallait arrêter de déléguer ses responsabilités diplomatiques à d'autres acteurs et se représenter soi-même […]. L’Afrique ne veut plus se faire représenter par un partenaire occidental qui a été historiquement ingrat et peu reconnaissant", affirme-t-il.

Neutralité et expérience

Pour mener à bien leur mission, les six chefs d’État pourront capitaliser sur la neutralité de la plupart des pays africains dans le conflit en cours. Un positionnement hérité de la période postcoloniale, qui a amené le continent à ne fournir aucune arme à la Russie comme à l’Ukraine, contrairement à nombre de pays occidentaux, rappelle Benoît Ngom.
"L'Afrique n'a pas d'armes à vendre à l'Ukraine ou à la Russie, elle ne peut ni armer Moscou ni armer Kiev [….] Ces six chefs d'État ont été choisis de façon assez équilibrée, je crois qu’ils pourront apporter la voix de l'Afrique au reste du monde. Je dirais même une contribution doctrinale de notre continent à travers notre conception de la paix et de la coexistence entre nations", explique le politologue.
Le continent africain, qui a lui-même été le théâtre de nombreuses conflagrations, possède en outre une expérience pour le règlement des conflits, ajoute Bayala Lianhoué Imhotep. Une histoire lourde et riche qui rend encore plus légitime la mission de paix en Ukraine.
"L’Afrique a une expérience dans le règlement des conflits. Pendant très longtemps, le continent était en proie à des conflits multiformes [...] L’Afrique dispose d'un parcours et d'une expérience, à travers l'apartheid sud-africain ou le conflit génocidaire au Rwanda. C'est un capital d'expérience qui peut servir", affirme-t-il ainsi.
L’initiative africaine de paix devrait rassembler les chefs d’États sud-africain, égyptien, zambien, sénégalais, ougandais et du Congo-Brazzaville. Elle devrait se rendre à Moscou et Kiev mi-juin pour tenter de réamorcer le dialogue entre les deux belligérants.
C’est la première fois qu’une initiative de paix est acceptée par les parties russes et ukrainiennes, comme le déclarait récemment à Sputnik le Français Jean-Yves Ollivier, initiateur du projet
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