Le 26 juin au soir, le tribunal de Casablanca a rendu son verdict concernant les meneurs du mouvement Hirak, né en octobre 2016 dans la région du rif au Maroc, après la mort d'un vendeur de poissons broyé dans une benne à ordures. Nasser Zefzafi, Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid ont tous écopé d'une peine de 20 ans d'emprisonnement ferme pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l'État». Un chef d'accusation qui aurait pu leur valoir la peine de mort, selon la loi marocaine.
«Ce sont des peines très lourdes. L'État a échoué dans ce test de respect des droits de l'Homme et des libertés essentielles, tout comme l'indépendance de la justice», a déclaré Souad Brahma, l'une des avocates de la défense, citée par l'AFP.
Cependant, bien que ce soit la mort tragique du poissonnier qui était à l'origine de la naissance du mouvement de contestation Hirak dans cette région berbérophone du Maroc, les raisons du malaise et de la détresse de la population vont bien plus loin qu'une simple dénonciation des conditions de sécurité ayant conduit au drame.
La crise sociale aggravée par les frontières fermées avec l'Algérie
«La Banque mondiale a estimé que cette situation coûtait à la région plusieurs milliards de dollars. Le commerce entre les cinq pays du Maghreb ne représente que 3% de leurs échanges globaux», a affirmé M.Ben Jelloun dans le même article cité ci-dessus.
Évoquant l'idée de la construction maghrébine dans le contexte des relations tendues entre l'Algérie et le Maroc, l'écrivain a affirmé que «les deux peuples ont besoin d'infrastructures de qualité pour consolider une politique d'éducation de haut niveau, pour lutter (en tout cas au Maroc) contre l'analphabétisme, pour mettre sur pied un service public de santé qui soit de qualité et surtout gratuit, pour doter les deux pays de lieux de culture et de sport répondant à une large demande d'une jeunesse qui veut vivre et travailler sans être tentée d'émigrer dans des conditions dangereuses».
«Il est temps que cette situation absurde soit réglée», a lancé Tahar Ben Jelloun. «Imaginez un Maghreb uni, avec une économie forte et bien structurée, une économie qui se complète et qui, du coup se renforce, la parole de cette entité serait entendue et notre place dans le monde changerait du tout au tout. Il faut manquer de rationalité, manquer d'intelligence pour perpétuer cette situation qui ne profite qu'aux marchands d'armes», a-t-il ajouté.
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