Le président tchèque estime que l'Ukraine pourrait «clore» cette question en cas d'indemnisation financière de la part de Moscou, ce que Kiev juge absolument inacceptable. En Allemagne, le ministère des Affaires étrangères pourrait bientôt être dirigé par un homme suggérant une solution encore plus pragmatique, écrit jeudi le site Gazeta.ru.
Christian Lindner, président du Parti libéral-démocrate allemand (FDP) et partenaire de coalition le plus probable de la chancelière Angela Merkel, adopte néanmoins une approche plus pragmatique de ce dossier. Pressenti comme futur ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement allemand, il a souligné par le passé la nécessité d'accepter la situation «temporairement permanente» de la Crimée — une approche analysée dans un article publié sur le site du Conseil européen des relations internationales.
Mais si Moscou considérait déjà ces forces politiques comme amicales, le FDP de Lindner n'est pas connu pour faire partie de ceux qui acceptent la politique «expansionniste» du Kremlin, souligne l'article.
Lindner qui respecte l'héritage de Genscher, est actuellement l'un des candidats les plus probables au poste de vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères au sein du nouveau gouvernement d'Angela Merkel. Selon Vladimir Brouter, expert de l'Institut international d'études en sciences sociales et politiques, Lindner est un homme politique «rationnel» défendant les intérêts des grandes entreprises qui estiment qu'il faut «faire de l'argent avec la Russie au lieu de lancer une confrontation avec elle».
L'Allemagne était le partenaire européen principal de la Russie avant l'introduction des sanctions. Ces limitations économiques ont porté un coup dur aux entreprises allemandes liées à la Russie. Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, la production allemande a perdu 13,5 milliards d'euros de 2014 à 2015 à cause des sanctions.
Merkel aura le dernier mot
Au début de la semaine, Angela Merkel a annoncé le lancement des négociations avec les Verts et le FDP devant les représentants de la Junge Union à Dresde.
Dans tous les cas, la position de la chancelière Angela Merkel sur la Crimée sera décisive. Lors de la campagne électorale, elle a partagé sa position dans une interview au quotidien Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung: «Quand j'entends qu'il faut reconnaître tout simplement l'annexion de la Crimée par la Russie, ma logique est suivante: qu'est-ce qui serait arrivé, si la RDA avait fait face à la même attitude sous le slogan «L'Allemagne a été partagée, et on ne peut plus rien faire»?»
Les cercles diplomatiques russes ont pourtant interprété les paroles de la chancelière de manière tout à fait différente.
Selon Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, les propos de Merkel sont un argument «d'acier» «soulignant clairement la justesse historique de ce fait».
Quoi qu'il en soit, certains experts considèrent cette comparaison entre la RDA et la Crimée comme incorrecte car l'Allemagne de l'Est était un État reconnu par la plupart des pays du monde, y compris par la RFA.
Dans tous les cas, la volonté d'élaborer une position de compromis sur la Crimée existe non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis où cette question est évoquée par de nombreux experts influents. «Si l'on se rend compte du fait que les relations russo-américaines sont plus larges que le problème de la Crimée, ce dernier sera résolu. A mon avis, il existe beaucoup de moyens de le faire et la Russie doit, elle-aussi, faire preuve de créativité. Je doute qu'un leader russe, même démocratique, accepte un jour de renoncer à la Crimée», souligne Thomas Graham, directeur exécutif du groupe Kissinger Associates Inc.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.