Riyad rompt la relation diplomatique, qualifie les 47 exécutions, dont celle d'un dignitaire chiite, l'imam Al Nimr, d' « affaires uniquement internes au Royaume » et appelle les autres pays de la région à faire de même. Il semblerait que les saoudiens aient peur. Après la destruction de l'Irak, l'Arabie Saoudite et l'Iran sont les deux majeures puissances du Moyen Orient. Riyad jouissait jadis de sa domination dans la région, mais après la signature de l'accord sur le nucléaire iranien, Téhéran se défait du poids des sanctions et reprend sa place légitime. De quoi s'inquiéter, d'après Milad Jokar analyste politique et spécialiste de l'Iran et du Moyen-Orient:
« C'est sûr que l'Arabie Saoudite exporte beaucoup plus de pétrole que l'Iran, l'Iran a une production de 3 000 000 de barils par jour et l'exportation n'est que seulement de 1,1 million alors que l'Arabie Saoudite c'est au-delà de 10 million de barils par jour donc c'est sûr que l'Arabie Saoudite en terme de volume est beaucoup plus importante par rapport à l'exportation de son pétrole et effectivement le retour du pétrole iranien sur le marché mondial est vu comme une crainte par les saoudiens.»
Malgré la rupture des relations diplomatique de la part de Riyad, Téhéran ne s'est pas précipité pour utiliser la même palette. Ahmad Nokhostin, journaliste à Radio Iranienne Francophone à Téhéran, estime que ce confit a été voulu par l'Arabie Saoudite qui cherchait un prétexte:
« Les saoudiens qui ont tout fait jusqu'à présent pour déstabiliser la région. Cette fois-ci ils ont décidé de s'acharner contre l'Iran. Mais l'Iran qui a toujours fait preuve de rationalité, qui a toujours fait preuve de patience, cette fois-ci a dit également par le biais de son ministre des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, qui a écrit une lettre au secrétaire général de l'ONU M.Ban Ki-moon, en disant que l'Iran ne cherche absolument pas une escalade de tensions. La politique de l'Iran dans la région est celle d'un bon voisinage. Là aussi on peut dire que dans cette nouvelle politique ne peuvent rien obtenir et leur politique est vouée à l'échec d'avance »
La puissance perse va pouvoir récupérer ses avoirs gelés et cela va changer le visage géopolitique habituel du Moyen Orient où la pétromonarchie arabe siégeait seule sur le trône régional. Le confit a explosé depuis l'exécution de l'imam Al Nimr, mais d'après Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques, la religion serait une raison secondaire:
« La raison religieuse viens d'habiller voir de cacher les arrières plans politiques mais s'est bien les rivalités stratégiques ainsi que régionales entre deux pays importants — l'Iran et l'Arabie Saoudite. Certes il y a un pays que est sunnite et l'autre chiite du moins qu'il est majoritairement mais il y a surtout aussi deux puissances régionales rivales un pays arabe et un pays perse, une monarchie conservatrice, un pays qui se veut république révolutionnaire et donc les facteurs de différenciation voir de clivage entre l'Iran et l'Arabie Saoudite ne sont pas réduits au niveau religieux »
La politique agressive des saoudiens, fondée sur les peurs donnera bientôt ses fruits. Mais combien de conflits la région pourra-t-elle encore subir, quand les ambitions ne sont pas accompagnées de la raison…
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