Ambitions et pétrole bon marché: qu'est-ce que cela signifie pour Riyad?

© AFP 2024 Hassan AmmarRiyal saoudien
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L'Arabie saoudite a longtemps évité la nécessité de moderniser son économie et son système politique. Les revenus pétroliers et le soutien de la part des Etats-Unis suffisaient à maintenir le statu quo à l'intérieur du royaume et dans les pays limitrophes. Mais la situation a changé.

Les prix du pétrole sont en baisse, l'influence des Etats-Unis au Proche-Orient s'affaiblit, la région est bouleversée par des conflits.

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Confrontées à la chute des revenus pétroliers, les autorités saoudiennes ont annoncé leur intention d'engager des réformes de structure.

Cependant, estime le magazine britannique The Economist, ces réformes risquent d'entrer en conflit avec les ambitions politiques de Riyad.

La chute du pétrole de 110 dollars le baril en 2014 à moins de 35 dollars au début de l'année 2016 s'est produite pour différentes raisons. L'une d'entre elles consiste dans la position de l'Arabie saoudite prête à accepter la réduction des prix pour défendre sa part du marché. Cependant, même pour le royaume (qui tire du pétrole  jusqu'à 90% de ses revenus), les prix aussi bas sont potentiellement dangereux. L'an dernier, le déficit budgétaire du pays a atteint 15% du PIB et les réserves de change se sont réduites de 100 milliards de dollars.

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Dans une interview accordée cette semaine au même hebdomadaire britannique, le vice-premier ministre et ministre de la Défense du royaume, le prince Mohamed ben Salmane, a raconté comment il voyait les réformes.

Selon lui, les autorités ont déjà fait le premier pas. La réduction des dépenses en 2015 a permis d'éviter une augmentation du déficit budgétaire au-delà de 20%. Il est également prévu de majorer les prix de l'essence, de l'eau et de l'électricité. De nouveaux impôts sont annoncés, dont une TVA de 5%, une taxe sur les cigarettes, ainsi que des prélèvements fiscaux sur les terrains non exploités.

Une autre mesure consiste à stimuler le secteur privé. Les autorités saoudiennes sont prêtes à réduire la participation de l'Etat aux activités économiques. Il s'agit notamment de privatiser totalement ou partiellement des dizaines d'entreprises publiques, dont la société nationale Aramco, une des plus grandes compagnies pétrolières du monde qui envisage de s'introduire prochainement à la bourse de Londres.

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Riche d'un pétrole qui lui rapportait des revenus fabuleux, l'Etat finançait généreusement jusqu'à présent la sphère sociale. Cette générosité compensait aux citoyens l'insuffisance de leurs droits fondamentaux. Une libéralisation politique pourrait atténuer l'effet négatif des coupes budgétaires. Mais les autorités saoudiennes ne sont encore prêtes à engager des réformes politiques d'envergure. Pire, elles ont adopté une ligne dure à l'égard de l'opposition. A titre d'exemple, on peut citer l'exécution de 47 personnes accusées de terrorisme, dont le très populaire prédicateur chiite Nimr al-Nimr. Sa mort a entraîné la rupture des relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran.

Riyad applique également une ligne très dure dans sa politique extérieure. Etant en conflit avec l'Iran chiite, le royaume saoudien s'érige en défenseur des musulmans sunnites et s'oppose aux alliés de l'Iran au Yémen et en Syrie.

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Afin de justifier sa politique, Riyad invoque la nécessité de sauvegarder la stabilité à l'intérieur du pays et de promouvoir les intérêts de l'Arabie saoudite sur la scène internationale. En réalité, le royaume se laisse entraîner dans un conflit religieux qu'il ne pourra pas gagner. Les dépenses pour la défense et la sécurité constituent d'ores et déjà plus d'un quart des dépenses de l'Etat saoudien. Il convient également de noter que les conflits dans la région rebutent les investisseurs. Si les autorités saoudiennes veulent réellement moderniser leur économie, elles doivent en tenir compte.

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