Le G7 entend sanctionner les diamants russes, c’est l’Afrique qui en pâtirait

Le président du Processus de Kimberley a mis en garde les pays du G7 sur l’effet néfaste que les éventuelles sanctions contre les diamants russes auraient pour l’Afrique, sans pour autant atteindre leur objectif de nuire à Moscou. La Russie évoque déjà les mesures qu’elle prendra pour protéger son industrie et les autres pays producteurs.
Sputnik
La plupart des ministres africains réunis à la récente séance plénière du Processus de Kimberly (PK) estiment que les sanctions que le G7 envisage d’adopter contre les diamants russes causerait "un préjudice irréparable" aux producteurs africains sans atteindre leur objectif principal, a averti ce mardi 14 novembre Ahmed bin Sulayem, représentant des Émirats arabes unis, nouveau président émirati du PK, cité par les médias.
Selon lui, tout système proposé devrait tenir compte des points de vue des pays africains tels que le Botswana, la République démocratique du Congo et l'Afrique du Sud.

Risque majeur pour le marché des diamants naturels

Les restrictions imposées aux diamants russes sur les marchés mondiaux auront pour conséquence l'effondrement de la valeur des diamants et le remplacement accéléré des pierres naturelles par des pierres synthétiques plus abordables produites en quantités illimitées, a estimé pour sa part Alexeï Moïsseïev, vice-ministre russe des Finances.
"Cela provoquera clairement une politique de concurrence des prix pour la survie et, par conséquent, une position franchement vulnérable de tous les participants au marché des pierres naturelles. Les acteurs responsables de l'industrie, de l'extraction minière à la taille et à la production de bijoux, risquent en très peu de temps de perdre leur activité, tandis que les pays diamantaires d'Afrique -une industrie vitale pour le développement socio-économique pour des régions entières- assurent le bien-être des communautés locales dans les régions minières", a noté le vice-ministre russe.

Moscou ne restera pas les bras croisés

De son côté, la Russie mettra tout en œuvre pour atténuer l'impact dévastateur des actions "irréfléchies" de l'Occident sur l'industrie du diamant, a annoncé M.Moïsseïev.
"Nous continuerons à unir nos forces avec les participants amicaux au Processus de Kimberley pour maintenir ses activités efficaces dans l'intérêt de nos États et de nos régions d'extraction de diamants, ainsi que de l'ensemble du marché du diamant -les mineurs, les tailleurs, les négociants et les consommateurs qui apprécient les pierres précieuses répondant aux normes industrielles les plus strictes", a-t-il indiqué.

Sanctions en préparation

Le G7 et l'Union européenne étudient plusieurs options pour créer un système de traçabilité afin de limiter le commerce des diamants russes dans les pays du G7. L'option proposée par la Belgique suggère qu'Anvers, l'un des principaux centres du commerce mondial de diamants, devienne une plaque tournante pour la vérification du respect des sanctions.
Pourtant, les pays producteurs africains craignent qu'Anvers n'en profite à leurs dépens. L'Association des producteurs de diamants africains, qui représente 19 producteurs contrôlant 60% de la production mondiale, avait déjà prévenu que la proposition perturberait les chaînes d'approvisionnement et imposerait des coûts supplémentaires aux pays.

Première tentative occidentale déjouée

En 2022, les États-Unis et d'autres pays occidentaux avaient demandé que les diamants russes soient étiquetés comme des diamants "de la guerre" dans le cadre du Processus de Kimberley, organisation intergouvernementale permanente dont la certification est requise pour tout chargement de diamants entrant dans la chaîne de valeur.
En conséquence, les diamants russes auraient pu être privés de la possibilité d'être vendus légalement. Lors de la session du PK de 2022, la Russie, soutenue par la République centrafricaine, la Biélorussie et le Kirghizstan, avait fait pression pour que cette motion soit supprimée, déclarant que la "politisation" du commerce des diamants était inacceptable.
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