Les principes évoqués par Poutine "sont les fondements de l'humanité, des sociétés et des relations"

Le Président russe a évoqué au Club de Valdaï la fin du colonialisme et les principes clés prônés par Moscou dans les relations internationales. Un géopolitologue sud-africain et un diplomate éthiopien en ont parlé auprès de Sputnik Afrique. Le respect, la protection de la souveraineté et de l’indépendance de tous les pays ont été soulignés.
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Vladimir Poutine a déclaré le 5 octobre lors de son intervention au Club de discussion Valdaï que les pays occidentaux devaient se débarrasser de la mentalité de l’ère coloniale. Cette idée a été saluée par des experts du continent africain.
Comme l’a indiqué à Sputnik Afrique Philani Mthembu, directeur exécutif de l'Institut pour le dialogue mondial, l’Occident doit revoir sa position dans un paysage international en mutation et comprendre qu’il doit écouter beaucoup plus ce que disent les autres régions du monde.
"Je pense que l'Occident doit faire preuve d'une grande introspection. Et je pense que pendant de nombreuses années, l'Occident s'est habitué à mener la danse en matière de politique mondiale. Il pouvait obtenir ce qu'il voulait assez facilement. Mais le monde change. Je pense que de plus en plus de régions du monde veulent faire entendre leur voix, prennent de l'assurance et ne veulent plus se contenter de subir les règles. Elles veulent aussi fixer leurs propres règles", a-t-il indiqué en marge du Club de discussion Valdaï.

La nécessité du respect

Commentant les six principes des relations internationales évoquées par Vladimir Poutine, M.Mthembu a surtout souligné l’inadmissibilité d’imposer à un pays ou à un peuple une manière de vivre.
Selon lui, la plupart des conflits que les États africains ont connus sont "une tentative de la part de certains pays de les refaire à leur propre image".
"Il en résulte une incapacité à respecter le développement historique, le contexte culturel d'autres régions du monde, de systèmes politiques différents, d’idéologies différentes, de structures économiques différentes. Cela conduit à des conflits", a-t-il expliqué.
D’après lui, pour avoir plus de stabilité dans l’ordre international, il faut "plus de respect pour la différence et la diversité".
Pour le géopolitologue sud-africain, certains pays peuvent retenir du discours du dirigeant russe l’importance de l’autosuffisance.
"L'autosuffisance permet également d'accroître la confiance et de mieux se faire entendre dans les relations internationales", a-t-il souligné.

Sur un pied d'égalité

De son côté, Jafar Geletu, directeur exécutif adjoint de l'Institut des Affaires étrangères (IFA) éthiopien a déclaré auprès de Sputnik Afrique que tous les pays doivent être traités sur un pied d'égalité.
"Leur souveraineté et leur indépendance doivent être protégées. Le système mondial, les institutions politiques et économiques doivent être organisés de manière à prendre en compte l'indépendance, la souveraineté et les besoins économiques des pays, qui doivent être traités sur un pied d'égalité et de manière indépendante", a-t-il précisé en notant qu’il y a "une multiplicité de civilisations dans le monde".
D’après M.Geletu, il faut de la tolérance, de la coexistence et des bonnes relations entre les États et respecter leurs frontières, leurs cultures et leurs points de vue.
Pour lui, les principes évoqués par M.Poutine "sont les fondements de l'humanité, des sociétés et des relations".
Jafar Geletu a ajouté que "nous vivons dans un monde où aucun pays, quelle que soit sa puissance économique et militaire, ne peut dominer le système mondial":
"Tous les pays, tous les dirigeants internationaux ont reconnu que le monde est devenu multipolaire, qu'il existe différents centres de pouvoir. Nous devons nous asseoir à cette table de discussion et de négociation pour assurer l'égalité de traitement des pays et des nations. Un groupe dominant les autres, réduisant au silence les voix alternatives et la diversité des civilisations, des pensées, des systèmes politiques et économiques ne peut perdurer dans ce monde globalisé, car il existe de multiples centres de pouvoir".

Plus de 100 participants

La 20e réunion annuelle du Club de discussion international Valdaï s’est tenue du 2 au 5 octobre à Sotchi, sur le littoral de la mer Noire, en Russie.
Le thème est "Multipolarité juste: comment assurer la sécurité et le développement pour tous".
Cette édition du forum Valdaï réunit 140 experts, politiciens et diplomates de 42 pays d'Eurasie, d'Afrique, d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud.
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