L’entrée de deux pays africains dans les BRICS [l’Égypte et l’Éthiopie] signifie qu’il y a un mouvement vers une plus grande justice, a estimé auprès de Sputnik Afrique la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
"L'Afrique, qui pendant de nombreux siècles a nourri de ses ressources tous ceux que l'on appelle généralement les pays leaders, commence enfin non seulement à élever la voix, mais à acquérir une place digne", a-t-elle déclaré ce 24 août en marge du sommet du groupe à Johannesburg.
Par ailleurs, le continent est sous-représenté partout dans le monde, souligne Mme Zakharova. Par exemple, l’Afrique réclame depuis longtemps une place permanente au sein du Conseil de sécurité de l’Onu, une bataille qui n’est pas encore gagnée.
En plus de cela, la couverture médiatique des actualités africaines semble être tendancieuse:
"Comme le disent les dirigeants africains et comme je le vois aussi, l’Afrique est toujours associée avec des problèmes dans l’espace médiatique international. Personne n’a même l’intention de rappeler que ce n’est pas l’Afrique qui a créé ces problèmes mais ceux qui y sont arrivés sans invitation. [Ceux qui] l’ont réduite en esclavage pour plusieurs siècles, ceux qui l’ont maltraitée par tous les moyens et qui ont laissé après eux des questions colossales irrésolues, créées artificiellement", a tranché la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Opposition au néocolonialisme
L’élargissement des BRICS relève de l’ampleur internationale pour son aspiration à un monde plus juste et équitable:
"C’est justement les BRICS qui offrent la possibilité de réaliser en pratique ce qui est une préoccupation pertinente du monde entier", poursuit-elle.
En se le donnant pour objectif et en tentant de le réaliser, le groupe fait face aux règlementations néocoloniales, note Maria Zakharova. Enfin, les BRICS luttent pour que "les pays disposent librement de ses ressources pour construire son avenir".
La domination de certains pays représentait "une pierre d’achoppement" au fil des siècles, lors que les pays "écrasaient tous". C’est pourquoi, "cette extension n’est pas formelle", précise la porte-parole de l’instance russe:
"Parce qu’ils [les pays participants au sommet des BRICS] comprennent que ces relations sont fondées sur l’égalité, le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires internes, la non-oppression et, au contraire, la coopération pour le bien commun".
Et d’ajouter que "c’est un processus très compliqué, très important et longuement attendu".
L’Onu dans le collimateur
Alors que la nécessité de lutter contre le néocolonialisme s’impose, l’Onu devrait également prendre position sur ce sujet, selon Maria Zakharova. "À mon avis, c’est ce qui aurait dû être entendu en première lieu de la bouche du secrétaire général de l’Onu", a-t-elle estimé, commentant le discours d’Antonio Guterres en marge du sommet des BRICS:
"Il a rappelé que l'Onu avait été créée précisément sur la base des résultats de la Seconde Guerre mondiale et que de nombreux pays n'existaient pas encore, et il a évoqué le processus de décolonisation. Il ne suffit pas de le mentionner. Cela doit être mis en corrélation avec la crise actuelle des affaires mondiales et comprendre d'où vient cette crise. Notamment lorsque certains ont commencé à réécrire pour nous l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, la Grande Guerre patriotique, tandis que d'autres ont commencé à utiliser […] les opportunités pour réimplanter des idées coloniales".
La 15e édition du sommet des BRICS a été couronnée par l’admission de six nouveaux membres au groupe, l'Argentine, l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Égypte, l'Éthiopie et les Émirats arabes unis. Ces pays entreront officiellement dans les BRICS à partir de janvier 2024.