L’admission de l’Éthiopie aux BRICS devrait conduire à des relations "gagnant-gagnant", a estimé auprès de Sputnik Afrique un politologue et professeur des Université de Namibie et de l'université de Stellenbosch en Afrique du Sud.
Ce pays d’Afrique de l’est, avec une population de 120 millions d’habitants, est "la sixième économie la plus forte du continent, avec des revenus d’environ 127 milliards de dollars, a indiqué Ian Liebenberg.
Même si l’on ignore les critères réels pour la sélection de ce pays, le professeur a suggéré plusieurs raisons possibles. Il s’agirait notamment de sa puissance économique et de son potentiel d’augmenter la présence du Sud, ainsi que leur éventuelle contribution aux BRICS.
"L’Éthiopie s’inscrit dans l’idée d’une ceinture des BRICS plus large ayant une plus grande empreinte non seulement dans le Sud, mais aussi en Afrique. Et en ce sens, je pense que l’on pourrait affirmer que c’était la raison de l’inclusion", avance le politologue.
Avantages pour les BRICS
Pour le groupe, l’un des atouts de ce pays est représenté par son climat et sa position géographique, propices pour la production agricole, ainsi que par sa proximité stratégique avec le canal de Suez offrant un accès aux marchés mondiaux:
"L’Éthiopie possède beaucoup de terres arables et pourrait potentiellement devenir une future banque alimentaire pour les pays BRICS, mais surtout pour l’Afrique", indique le politologue. Selon lui, le pays est attirant plus par son secteur agricole que par son domaine minier.
Deuxièmement, il est probablement important pour les BRICS d’être désormais présents dans l’est du continent africain, a ajouté M.Liebenberg. "L’Éthiopie peut être aussi considérée comme un futur pôle de croissance pour les BRICS ou le format BRICS+", conclut-il.
Avantages pour l’Éthiopie
Si l’Éthiopie en profite, une grande partie de l’Afrique de l’est en bénéficiera en termes de croissance économique, poursuit l’analyste. L'Éthiopie se trouve dans une situation précaire, dans le sens où elle entretient des relations difficiles avec les pays qui l'entourent, l'Érythrée, par exemple, ou le Soudan, explique-t-il.
Disposant de plus grandes superficies de terres arables, l’Éthiopie pourrait potentiellement devenir un entrepôt alimentaire pour l’Afrique:
"Le pays peut gagner beaucoup [du partenariat avec les BRICS], parce que les connaissances des Brésiliens, les connaissances des Chinois en termes de production agricole et d'amélioration de cette production peuvent jouer un rôle considérable dans le renforcement de la capacité des Éthiopiens à produire de la nourriture et, à terme, à devenir un producteur de nourriture pour l'Afrique et peut-être au-delà", a avancé Ian Liebenberg.
Meilleures conditions pour les prêts
L’Éthiopie, comme tous les autres pays africains, payait environ dix fois plus d’intérêts pour rembourser leur prêts internationaux. Ce alors que les pays occidentaux n’en payaient pas autant, poursuit le politologue.
L’adhésion aux BRICS offre à l’Éthiopie des possibilités de négocier avec sa propre monnaie avec les autres pays du groupe, tout en empruntant la voie de dédollarisation, d’après lui.
"L’Éthiopie serait ainsi en mesure de contourner le dollar et, dans ce sens, d’obtenir probablement un meilleur rapport qualité-prix dans ses échanges commerciaux. Et deuxièmement, l’Éthiopie pourra accéder à la banque BRICS ou à la Nouvelle Banque [de développement, ndlr] à de meilleures conditions pour conclure de futurs accords de prêts pour la reconstruction et le développement", précise M.Liebenberg.
Pour les Éthiopiens, c’est "une situation gagnant-gagnant", résume-t-il. Par une telle contribution, la banque des BRICS pourrait aider les pays à réaliser pleinement leur potentiel et favoriserait "une restructuration très importante des marchés internationaux et de l’économie mondiale".