Lors d’une récente réunion avec les membres du gouvernement, Vladimir Poutine a annoncé un prochain accord sur une zone de libre-échange avec quatre pays africains.
"Nous préparons des accords sur une zone de libre-échange avec l’Égypte, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie, soit l’Afrique du Nord dans son ensemble", a-t-il signalé.
Le Président russe a noté que, selon des experts, l’Afrique se développerait de manière très positive et rattraperait "ce qui a été manqué au cours des décennies précédentes".
Le marché nord-africain est donc intéressant, avantageux et prometteur pour la Russie, mais celle-ci n’en est pas moins intéressante pour l’Afrique du Nord elle-même.
Un marché prometteur
Cette idée est soutenue par l’économiste algérien Murad Qouwaishy pour qui la Russie étudie de nouveaux marchés à la lumière de nouvelles conditions géostratégiques.
Le marché africain est assez prometteur et disputé actuellement par plusieurs acteurs comme les États-Unis, la Chine et l’Union européenne.
Moscou est déterminé à y revenir, surtout dans les pays d’Afrique du Nord.
"Les pays du Maghreb cherchent également à renforcer les relations économiques avec la Russie et à se faire de nouveaux partenaires. Il convient de noter que l’Afrique n’a pas tiré profit de ses relations de longue date avec l’Europe. C’est pourquoi j’estime que les liens entre la Russie et les pays africains sont avantageux pour les deux parties", a signalé l’économiste à Sputnik.
Selon lui, la Russie est forte du point de vue politique, économique et militaire. Elle est aussi très attrayante du point de vue touristique.
Changement d’approche
Pour le parlementaire marocain Noureddin Kerbal, la préparation d’un accord de libre-échange traduit la réorientation de la région vers un partenariat diversifié et mutuellement avantageux.
"La crise ukrainienne a sérieusement modifié l’approche envers les partenariats. Le continent africain en est un exemple. Les pays d’Afrique, et le Maghreb ne fait pas exception, cherchent des partenariats ambitieux et mutuellement avantageux avec des acteurs mondiaux. C’est pourquoi les relations entre le Maroc et la Russie connaissent un essor rapide et fructueux bien que sa fondation ait été posée dès 2016 par la signature d’un accord bilatéral sur le partenariat stratégique", a-t-il révélé à Sputnik.
Selon lui, la zone de libre-échange pourrait concerner de nombreux domaines, notamment le tourisme, l’agroalimentaire, l’énergie, la pêche, la santé et bien d’autres.
Cependant, la mise en place d’une zone unique pour les quatre pays d’Afrique du Nord est peu probable.
"Je pense que les accords sur les zones de libre-échange seront conclus avec chaque pays à part, étant donné les tensions entre certains pays du Maghreb. Notamment entre l’Algérie et le Maroc dont les frontières sont fermées", estime Murad Qouwaishytout en admettant que les différends puissent être réglés à l’avenir.
Perspectives d’une zone unique
L’enseignant de l’École des hautes études en sciences économiques Andreï Zeltyne partage son point de vue.
"Une zone unique est actuellement peu probable en raison de tensions internes entre certains pays de la région. Par contre, des zones bilatérales entre la Russie et chaque pays en question sont tout à fait possibles. En attendant, la déclaration sur la préparation des accords semble être une déclaration d’intention politique. Il est trop tôt pour faire des conclusions, beaucoup de travail reste encore à faire", a-t-il expliqué à Sputnik.
Le travail sur les accords de libre-échange avec l’Égypte, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie est un des résultats du récent sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg.