La France doit gérer nombre de défis, pour que les émeutes urbaines suite à la mort d’un adolescent à Nanterre ne se répètent pas, a déclaré la cheffe de la diplomatie française. Elle a pourtant réfuté les inquiétudes et les critiques exprimées par plusieurs pays, dont l’Algérie.
"Certains pays au bilan catastrophique en termes de droits de l’Homme ont cru bon de nous donner des leçons: cela prêterait à sourire si leur population ne souffrait pas autant", a lancé Catherine Colonna dans une interview au journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, publiée le 15 juillet.
Elle s’est félicitée que les autorités françaises soient arrivées à maintenir "l’ordre républicain, l’ordre démocratique" suite à la vague de violences qui ont enflammé plusieurs villes du pays fin juin et début juillet. Les émeutes ont été déclenchées par la mort d’un jeune Français d’origine algérienne. Nahel Merzouk a été tué par un policier suite à un refus d’obtempérer le 27 juin à Nanterre. L’auteur du tir a été ensuite mis en examen pour homicide volontaire.
Catherine Colonna a pourtant admis que les autorités du pays font face à de nombreux défis: "Il faut comprendre l’ensemble des raisons de ce qui s’est passé, qui sont multiples. Manifestement, il y a une persistance d’un certain nombre de défis: éducation parentale, école, accès à l’emploi, au logement, à la culture même".
Réaction algérienne
L’Algérie a réagi deux jours après le drame. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré avoir appris avec "choc et consternation" la mort du jeune Nahel.
La diplomatie algérienne a pointé les "circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes" du décès du jeune homme.
Alger a toutefois assuré faire "confiance au gouvernement français [pour] assumer pleinement son devoir de protection", ajoutant que les ressortissants algériens doivent être en sécurité "sur leur terre d’accueil".
"Racisme" et "islamophobie"
D’autres pays ont réagi de manière plus virulente.
Le 2 juillet, le porte-parole de la diplomatie iranienne a demandé aux forces de l'ordre françaises de "faire preuve de retenue" et à "mettre fin au traitement violent" de la population. Il a précisé que les autorités françaises doivent respecter "les principes de dignité humaine, la liberté d'expression et le droit des citoyens à manifester pacifiquement".
Le 3 juillet, le Président turc a dénoncé le "passé colonial" et le "racisme institutionnel" en France qui étaient, selon lui, à l’origine de violences urbaines dans le pays.
Le 5 juillet, le Président azerbaïdjanais a déclaré qu’à l’origine du drame se trouvaient "le racisme et l’islamophobie".