L’accord céréalier de la mer Noire expire le 18 juillet. La partie russe se penche sur la possibilité d’en sortir, car les couloirs par lesquels passent les navires sont constamment utilisés par Kiev pour lancer des drones navals, comme l’a déclaré le 13 juin Vladimir Poutine.
Dans une interview accordée à Sputnik, Khadjimourad Belkharoev, professeur à l’université russe de l’Amitié des peuples Patrice Emery Lumumba, a également pointé du doigt le fait que nombre de conditions russes ne sont toujours pas respectées par la partie occidentale, comme le déblocage des céréales coincées dans les ports européens ou encore la reconnexion de Rosselkhozbank au système SWIFT.
"Les représentants des Nations unies ne sont pas réellement impliqués dans la mise en œuvre de l'accord", a déploré M.Belkharoev.
De plus, il a souligné le fait que les denrées alimentaires censées être exportées vers les pays pauvres ont été fournies à des pays riches et autosuffisants.
La nécessité de constater toutes les clauses de l’accord
En substance, la prolongation de l'accord concerné dépend de la "bonne volonté des dirigeants" de la Russie.
"Je pense que pour la prolongation de l’accord, toutes les conditions doivent être inscrites dans une partie du nouvel accord, toutes les clauses du document doivent être réalisées en même temps - sinon tout se répétera comme avant", a estimé l’économiste.
Selon lui, en cas de suspension complète, les médias affiliés aux principaux négociants en céréales de la planète chaufferont le champ informationnel. Ainsi, le coût des denrées alimentaires sur le marché mondial des matières premières augmentera, les pays riches recommenceront à acheter des denrées alimentaires pour les stocker et les revendre, et ce sont les pays pauvres qui en souffriront, a-t-il noté.
L'Occident n'est pas intéressé par la mise en œuvre de l'accord
Pour Vitali Danilov, le directeur du Centre de l'analyse appliquée des transformations internationales de l’université russe de l’Amitié des peuples Patrice Emery Lumumba, la probabilité que la Russie se retire de cet accord est aussi "très élevée".
Selon lui, "les partenaires occidentaux ne sont pas intéressés par la réception de nos céréales, car de leur avis, elles enrichissent la Russie. Ils continueront à nous mettre des bâtons dans les roues, dans la mise en œuvre de nos projets, dans la vente de nos produits sur les marchés mondiaux".
L'analyste est pourtant persuadé que la Russie "est complètement indépendante dans ses ressources et peut tranquillement résoudre ses problèmes, y compris la sécurité alimentaire de l'ordre mondial à nos conditions".
"Aucune raison de prolonger"
Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré le 30 juin que la Russie ne voyait aucune raison de prolonger l'accord céréalier.
Moscou assurera l'approvisionnement en céréales des pays les plus pauvres à ses propres frais et en quantité appropriée, a-t-il rassuré.