Le continent africain est d’autant plus légitime à jouer les médiateurs qu’il se retrouve lui-même touché par des conséquences du conflit, comme l’explique à Sputnik Jean-Yves Ollivier, fondateur de la Fondation Brazzaville et initiateur de cette mission de paix.
"L'Afrique est la victime d’un conflit qui se déroule à l'extérieur de ses frontières, elle a de nombreuses raisons d'être impliquée […] Nous avons parlé avec l’ancien Président nigérian Obasanjo et avons conclu que l'Afrique ne pouvait pas rester silencieuse dans ce conflit parce qu’elle en souffre directement", déclare-t-il ainsi.
L’Afrique paie notamment les pots cassés des sanctions visant à isoler la Russie, qui reste l’un de ses partenaires majeurs, comme l’expliquait déjà Jean-Yves Ollivier dans une tribune au Figaro, mi-février. La crise de l’énergie et la perturbation des livraisons de céréales et d’engrais sont en particulier préjudiciables au continent.
S’il se focalise d’abord sur le résultat des négociations et la volonté d’"amorcer un dialogue" entre la partie russe et ukrainienne, l’ancien proche de Jacques Chirac explique que cette mission traduit aussi le rôle diplomatique grandissant pris par l’Afrique ces dernières années.
Une mission équilibrée
L’idée de cette initiative africaine pour la paix a d’ailleurs été longuement mûrie. Les prémices remontent à plus d’un an. La mission a tenté de mettre toutes les chances de son côté en réunissant des chefs d’États venus de différentes régions du continent et partageant diverses vues sur le conflit, explique Jean-Yves Ollivier.
"Nous voulions que cette délégation ait un équilibre: on parle de deux pays réputés proches de la Russie, deux pays connus pour leur neutralité, le Congo-Brazzaville et l'Égypte, et un pays qui soutient le régime en Ukraine, qui est la Zambie. Il y a aussi un pays plus proche de l'Occident et qui présidait l'Union africaine lorsque nous avons commencé ces activités: le Sénégal", déclare-t-il ainsi.
Les membres de la Fondation Brazzaville, à l’origine du projet, ont également "une expérience très solide en matière de résolution pacifique", affirme encore celui qui en est le président.
L’initiative africaine a pour l’heure trouvé des échos favorables du côté du Kremlin, qui s’est dit prêt à écouter ses propositions. Kiev s’est également montré disposé à recevoir la mission.