Alors que l’Allemagne vient de donner son feu vert à la livraison de chars Leopard à l’Ukraine, cette nouvelle aide ne devrait pas changer fondamentalement la donne, a déclaré à Sputnik le général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset. Au-delà des quatorze chars promis pour l’heure par Berlin, il faudrait des centaines de blindés pour couvrir plus amplement le front. D’importantes livraisons auxquelles ne consentiront peut-être pas les Européens.
"J'ai cru comprendre que le Président ukrainien disait qu'il fallait au moins 300 chars pour changer le cours des opérations. Sachant que le front fait plusieurs centaines de kilomètres, quatorze chars à droite, quatorze chars à gauche prolongeront certainement les hostilités, mais ne changeront pas le cours de la guerre", explique ainsi Jean-Vincent Brisset.
Les délais de livraison et la manière dont le matériel sera utilisé par les forces ukrainiennes rentrent par ailleurs en compte, ajoute celui qui est aussi chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Tensions révélatrices
Les atermoiements allemands autour des livraisons sont aussi symptomatiques des tensions qui règnent entre Européens sur le dossier ukrainien. Les opinions publiques sont de plus en plus déchirées sur le soutien à apporter à Kiev, explique Jean-Vincent Brisset.
"La décision allemande est le produit d'une lutte interne au sein du gouvernement entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Cela reflète l’indécision des opinions publiques européennes. Certaines d’entre elles sont de moins en moins enclines à poursuivre le soutien à cette guerre. Il y a aussi manifestement une énorme pression de la part des États-Unis sur l'Allemagne pour qu'elle autorise ces livraisons", déclare-t-il.
Les États-Unis pourraient en outre tirer profit des largesses des pays de l’UE, en leur vendant leurs chars Abrams pour pallier les carences apparues dans les arsenaux européens, ajoute le gradé.
Les chars Leopard 2 sont capables de faire de l’ombre aux Challenger britanniques et aux Leclerc français, mais il présente également certaines lacunes, affirme pour sa part à Sputnik le lieutenant-général à la retraite Ioannis Baltzois. Les forces ukrainiennes auront par ailleurs besoin d’une formation approfondie et d’une base technique pour assurer l’entretien du matériel, ajoute-t-il.