Malgré la gueule de bois des crises énergétiques et économiques, l’Occident a encore du mal à "décuver". C’est le constat aigre-doux qu’a tiré Sergueï Lavrov lors d’un déplacement à Minsk. Le ministre russe des Affaires étrangères estime que l’UE et l’Otan sont toujours loin d’une prise de conscience sur leurs errements politiques.
"J'espère qu'un dégrisement viendra. Nous ferons tout pour que nos collègues de l'Otan et de l'Union européenne dessoûlent le plus vite possible […] Nous gardons l'espoir qu'une prise de conscience viendra sur l'impasse des politiques menée sur le continent européen. Mais jusqu'à présent, nous ne voyons aucun signe de bon sens de l'autre côté des barricades", a-t-il ainsi déclaré.
Des responsables politiques "présomptueux"
Le ministre a encore qualifié ses collègues occidentaux de "présomptueux", déplorant que ceux-ci placent "leurs illusions coloniales et néocoloniales au-dessus de l’intérêt de leur peuples". Il a appelé l’Occident à se débarrasser de ce "sentiment de supériorité" pour mieux appréhender les réalités politiques.
Malgré ce pessimisme, Sergueï Lavrov a salué les "voix rares" qui appellent à respecter les intérêts de chacun, y compris de la Russie et de la Biélorussie, pour construire un cadre sécuritaire équitable en Europe. Mais ces voix se noient malheureusement "dans le chœur" de ceux qui dirigent l’UE et l’Otan, a souligné le ministre.
L’extension de l’Otan à l’Est est l’une des principales causes évoquées du conflit en Ukraine. Depuis le début des hostilités, l’Alliance atlantique continue d’appuyer sans réserves Kiev, via l’envoi d’armements ou la formation de troupes. Une situation qui a récemment fait dire à Vassili Nebenzia, représentant russe à l’Onu, que l’Ukraine était devenue une "société militaire privée de l’Otan".
L’UE reste également un soutien indéfectible de Kiev, malgré des voix discordantes comme celle de la Hongrie qui s’inquiète des retombées économiques des sanctions prises contre Moscou. Plusieurs pays européens entendent désormais livrer des chars lourds ou légers à l’Ukraine pour continuer les hostilités. Un drôle de raisonnement qui revient à vouloir "éteindre un incendie avec de l’essence", a récemment ironisé l’ambassade russe au Royaume-Uni.