Malgré près de dix ans de présence militaire au Mali, la France a mis fin à l’opération Barkhane courant 2022. Un retrait en forme d’échec, qui s’explique par les visées colonialistes que la France avait pour le pays, loin des objectifs de lutte contre le terrorisme, comme l’explique à Sputnik Fousseynou Ouattara, vice-Président de la Commission de la défense et de la sécurité du Conseil de transition au Mali
"Les causes de cet échec sont évidentes. La France avait un autre plan, un autre agenda: c'était d'encadrer, de contrôler le développement du Mali et de tout faire pour pérenniser sa présence sur son sol afin d'exploiter tranquillement ses ressources", déclare-t-il ainsi.
Le responsable rappelle que Paris a déployé près de 4.500 hommes au Mali, dépensant des sommes colossales dans ses opérations. Malgré cette débauche de moyens, le pays a continué de sombrer face à la menace terroriste. L’armée malienne et ses alliés sont parvenus à de meilleurs résultats en un an, avec des moyens bien plus modestes.
De quoi s’interroger sur les véritables objectifs de la France au Mali. D’autant que des zones d’ombres persistent sur les activités françaises. Paris a notamment interdit aux forces maliennes de pénétrer dans certaines zones du nord, au mépris de toutes les lois. La signature d’un traité de coopération militaire juste après l’élection d’Ibrahim Boubacar pose aussi question, affirme le responsable.
Ne plus jamais faire appel à la France
Fousseynou Ouattara est néanmoins optimiste quant à l’avenir et pense que le Mali a retenu la leçon de ces dix années de présence française. La population est plus consciente des enjeux désormais et revoir une opération du type Serval semble désormais improbable.
"Une opération comme Serval ne serait plus possible aujourd'hui parce qu'on a vu que c'était un +montage+, quelque chose qui avait été planifié pour pouvoir mettre le Mali sous le joug colonial de la France! La population malienne est aujourd'hui très bien réveillée, très bien informée des intentions de la France", explique ainsi le vice-Président de la Commission de défense.
Le responsable estime que Bamako ne fera "plus jamais appel à de telles aides de la part de la France", incitant le pays à se tourner vers d’autres partenaires pour sceller des "coopérations gagnant-gagnant".
Paris avait officiellement annoncé la fin de l’opération Barkhane début novembre 2022. Les derniers soldats français avaient pour leur part plié bagages mi-août.