Les Africains en ont soupé du "mépris de la France", explique un essayiste nigérien

Le ras-le-bol concernant la France s’étend en Afrique et signe l’échec diplomatique de Paris, qui n’a pas saisi les aspirations des peuples, explique à Sputnik un essayiste nigérien.
Sputnik
La France, qui a retiré ses troupes du Mali et pourrait bientôt en faire autant au Burkina Faso, est entré dans une zone de turbulences en Afrique, affirme à Sputnik Nassirou Bodo Seyni, essayiste et membre du mouvement politique Tous Pour La République.
L’influence française va continuer d’être contestée sur le continent, par des Africains qui ne trouvent plus leur intérêt dans un partenariat avec Paris, explique-t-il. Les ratés diplomatiques français s’accumulent et l’incompréhension devient de plus en plus criante.
"C’est un échec de l’intelligence diplomatique française. On dirait que la France n’arrive pas à décoder les messages que lui laissent les Africains. Les gens ne sont plus prêts à accepter le mépris de la France […]. C’est une question de dignité et de fierté retrouvées. Les Africains ont senti qu’il était bien possible de vivre sans la coopération avec la France", déclare ainsi Nassirou Bodo Seyni.
Le Mali a ouvert la voie et les récentes manifestations contre l’ambassade française à Ouagadougou s’inscrivent dans cette logique. D’autre pays, comme le Niger, pourraient suivre, ajoute l’essayiste.

Paris cherche des boucs émissaires

Devant cette impasse, Paris tente de faire retomber la faute sur Moscou, Pékin ou Ankara, en les accusant de saper son influence, via des campagnes de désinformation par exemple. Un cache-sexe, alors que des logiques d’émancipation bien plus profondes sont à l’œuvre, souligne Nassirou Bodo Seyni.
"Ça va s’étendre […]. Les peuples s’élèveront contre le même l’oppresseur, qui est là et qui se défile en accusant à tort et à travers certains partenaires d’être à l’origine d’une défiance en Afrique. Mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas une question de partenaire. C’est même un ras-le-bol qui existait bien avant les nouvelles générations", affirme-t-il.
Et l’essayiste de citer les figures de Thomas Sankara et Patrice Lumumba, dont le combat est selon lui remis au goût du jour par les jeunes générations.
Après avoir annoncé la fin de l’opération Barkhane au Mali, la France tente de mettre au point sa nouvelle stratégie en Afrique. Dans ce cadre, Paris pourrait procéder à d’autres retraits et miser sur la formation d’officiers des forces locales, comme l’a annoncé le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.
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