Cinq mois après la fin du procès, les destins des deux fans de foot russes jugés coupables d’agression sur un supporter anglais à Marseille le 16 juin 2016 divergent.
Pavel Kosov, condamné par la cour d’assises des Bouches-du-Rhône à dix ans de détention, reste emprisonné à Marseille, tandis que son camarade Mikhaïl Ivkine, condamné à trois ans d’emprisonnement, a «quitté le territoire français librement» en janvier dernier. Lors du procès, le parquet avait souligné que bien que les supporters russes aient agi ensemble, leurs niveaux de responsabilité différaient.
«Plutôt qu’aller en appel, j’ai considéré qu’il était préférable d’obtenir des réductions ou éventuellement une libération conditionnelle à la moitié de la peine. Cela permet d’espérer une libération plus tôt», précise à Sputnik maître Duflot.
Prévu par l’article 17 de la Constitution, ce droit de grâce du Président de la République, «n’efface ni l’effraction, ni la peine, mais permet réduire la durée de la détention.»
Une grâce à l’approche de l’Euro 2020?
«Cela serait toujours ça de gagné. Si on pouvait ne serait-ce qu’avoir une grâce partielle de six mois, ils seraient amputés sur le délai restant à la moitié de la peine et on pourrait demander sa libération six mois plus tôt, cette année», détaille Alain Duflot.
Le moment n’est pas choisi au hasard: maître Duflot estime «qu’il s’agit d’un moment symbolique: on arrive au prochain Championnat d’Europe le 11 juin prochain.»
«C’est une manière symbolique de démontrer que “le sport passe avant tout”, que par le sport on peut pardonner, expliquer et lancer un message d’espoir», souligne l’avocat.
Réduction de peine pour «bonne conduite»
Comme le précise l’avocat, le fan russe a eu par ailleurs «trois mois supplémentaires de réduction de peine pour trois ans complets “pour sa conduite”, parce qu’il a travaillé, suivi des cours de français.»
«Cela fait trois ans qu’il se comporte d’une manière exemplaire, il a même commencé à indemniser la victime britannique, en l’occurrence de 50 euros par mois», insiste maître Duflot.
«La prison est faite pour punir, mais aussi pour réhabiliter et préparer à la vie active. Mais actuellement, il ne peut même plus utiliser son temps pour apprendre le français et partir à Moscou quasiment bilingue, après quelques années en France», déplore l’avocat.
Et l’avocat français de vouloir replacer la culpabilité de son client dans son contexte, «avec sa peur et son angoisse». Aussi souligne-t-il l’analyse des psychologues durant le procès: l’accident s’expliquerait à l’en croire «non pas par un comportement agressif ou criminel [du prévenu, ndlr], mais par la terreur d’être dans un environnement hostile.» «Ce n’est pas un délinquant», conclut maître Duflot.