Le procès des deux fans de foot russes, accusés d’avoir agressé le supporter anglais Andrew Bache lors du Championnat d’Europe de football 2016 en France, s’est ouvert ce lundi 7 décembre devant la Cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Pavel Kosov et Mikhaïl Ivkine –détenus en France depuis mars 2018– sont jugés pour «violences ayant entraîné une infirmité» avec circonstances aggravantes de «réunion» et d’utilisation d’«arme».
La personnalité des supporters russes passée au crible
«Contrairement à ce que l’on a pu dire de lui, M. Ivkine est doté d’un tempérament extrêmement posé et stable. C’est quelqu’un qui a un sens très aigu des responsabilités, tant familiales que professionnelles. C’est quelqu’un qui est doté d’une grande maîtrise de soi», détaille Me Pinelli.
D’après l’avocat, il ressort notamment de ces expertises qu’au moment de cette rixe survenue le 11 juin 2016, «à l’évidence» M. Ivkine n’est pas venu chercher la bagarre, «mais a été pris au piège dans un affrontement, dans lequel il a perdu ses repères et s’est trouvé totalement perdu dans ce contexte.»
Tempérament équilibré du prévenu
«Ses premiers mots ont été pour la victime. Car même si Monsieur Ivkine –et nous le démontrerons en cours d’audience– est totalement étranger aux blessures infligées à Andrew Bache, cela n’empêche pas qu’il éprouve un profond sentiment de compassion pour cette personne», signale l’avocat.
Durant la bagarre qui a opposé des supporters de football, Andrew Bache, un Anglais de 54 ans natif de Birmingham, a reçu de nombreux coups avec «une arme par destination», qui lui ont causé un lourd traumatisme crânien. Fragile, il n’assiste pas au procès, dont on attend plus d’éclaircissement sur le rôle de tous ceux qui ont participé à l’affrontement entre supporters.
Des nouvelles vidéos jointes au dossier
«Elles nous ont été communiquées assez récemment et permettent de voir qu’en réalité, les gestes reprochés à M. Ivkine ce jour-là se limitent très strictement au jet d’une chaise. Contrairement à ce qui pouvait être indiqué lors de l’enquête, il n’a jamais frappé M. Bache quand ce dernier était au sol. Et le jet de cette chaise a été sans conséquence pour M. Bache», souligne maître Pinelli.
Pour Alain Duflot, l’avocat de Pavel Kosov, «on voit que le jet de pierres et de chaises venait du côté anglais». Selon lui, l’accusation veut que les Russes soient «tenus pour responsables de faits qu’ils n’ont pas commis.»
«Mon client a admis qu’il avait poussé ou frappé une fois l’Anglais, qui est tombé. Mais il [Andrew Bache, ndlr] avait près de 2 g d’alcool dans le sang… Cependant, l’expert médical a clairement déclaré que ce n’était pas la chute qui avait causé les blessures de l’Anglais», a noté Me Duflot au micro de Sputnik.
L’avocat de Pavel Kosov souligne une fois de plus que «rien n’a été dit sur l’ambiance qui régnait alors sur la place de Marseille.» Le fait qu’un groupe d’Anglais «a jeté divers objets, bouteilles, chaises… est caché» dans le dossier… «Et je veux que ces faits soient établis lors du procès», souligne Me Duflot.
Les témoins de la défense en visioconférence
«Au sens de la loi pénale, Monsieur Ivkine encourt une peine de 15 ans en France. Compte tenu des éléments que nous versons au dossier, étant donné qu’il est innocent des faits qui lui sont reprochés, il est parfaitement légitime d’espérer que la Cour d’assises l’acquitte», conclut Me Julien Pinelli.
Le 17 novembre dernier, Valery Fadéev, président du Conseil pour le développement de la société civile et des droits de l’homme de Russie, s’est déclaré «préoccupé par la violation des droits d’Ivkine et de Kosov» et a demandé à Dunja Mijatović, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, de prendre personnellement le contrôle de l’affaire pénale contre les Russes.