Le ministre algérien de la Justice veut donner un coup d’accélérateur à la récupération de l’argent détourné

L’Algérie est déterminée à éradiquer la corruption, qu’elle soit liée au détournement de fonds ou de biens publics facilité par l’administration, a affirmé le nouveau ministre de la Justice, ordonnant aux juges de lutter fermement contre ce fléau.
Sputnik

Le nouveau ministre algérien de la Justice, Belkacem Zeghmati, a affirmé devant la presse à l’occasion de l'installation de la nouvelle présidente du Conseil d'État, que le fléau de la corruption en Algérie «ne se limite pas au détournement des deniers publics et à l'enrichissement illicite mais s'étend au détournement des biens publics par des décisions émanant de l'administration».

«Les administrations et les services publics ne sont pas épargnés par ce phénomène qui a terni leur réputation et celle de leurs fonctionnaires», a-t-il ajouté, instruisant la justice administrative, avec le Conseil d'État en tête, à lutter efficacement et fermement contre ce fléau.

Pourquoi l’armée algérienne est-elle visée par une campagne de dénigrement?
Évoquant le rôle des juges dans le dénouement de la crise politique qui secoue l’Algérie depuis le 22 février, début du mouvement populaire de contestation, le garde des Sceaux a mis en garde que «la justice est aujourd'hui à la croisée des chemins». «Attendue par tous, pouvoir et peuple, elle doit restaurer l'autorité de l'État et consacrer les droits des citoyens», a-t-il affirmé, soutenant que «la conjoncture difficile que traverse le pays fait reposer sur le Conseil d'État une énorme responsabilité pour contribuer efficacement à la lutte contre ce phénomène et contre les détournements de biens publics par des procédés frauduleux et des décisions illicites qui en résultent».

Par ailleurs, M.Zeghmati a relevé que la corruption, qui a gangrené l’administration et les services publics, a cassé la confiance des citoyens envers leur administration.

Le rôle de l’armée dans la lutte contre la corruption

Un ex-ministre algérien appelle à frapper «le cœur de la mafia qui dirige le pays»
Dans un entretien accordé à Sputnik, Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor (1991-1992), président du parti Nida El Watan, a expliqué la position difficile dans laquelle se trouve l'armée algérienne pour répondre aux revendications de la révolution populaire et accompagner en même temps la justice dans la lutte contre la corruption, tout en restant dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles.

«Le plus grand danger pour la transition démocratique en Algérie est l’argent sale, qui se compte par milliards de dollars et par dizaines de milliers de milliards de dinars», a-t-il affirmé. «L’arrestation des oligarques, tant qu’ils ne sont pas jugés, n’élimine pas cette menace», a-t-il ajouté. Selon lui, «il faudrait donc, à titre conservatoire, geler les avoirs des personnes incriminées, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger, en vertu des accords d’entraide judiciaire qui nous lient à la Suisse et à d’autres pays. Il faudrait également nommer, en attendant les décisions de justice, des administrateurs provisoires à la tête des entreprises appartenant aux oligarques, pour qu’elles puissent continuer à fonctionner sans préjudice pour l’économie nationale et les employés».

L’ex-ministre du Trésor a indiqué un second danger qui complique la transition qui «est l’urgence dans laquelle se trouve le pays pour se doter rapidement de structures politiques représentatives, en raison de la crise économique». «Si on tarde plus de six mois, la transition elle-même sera compromise», a-t-il averti, soulignant qu’«on pourrait ainsi comprendre la préoccupation de l’état-major de l’armée qui craint justement qu’un processus transitionnel classique ne puisse durer au-delà de ce délai critique». «Peu d’Algériens semblent faire le lien entre ceci et cela», a-t-il poursuivi.

Les critiques contre l’armée

«L’armée n’a pas d’autres choix que de pousser à l’élection présidentielle» en Algérie
Dans un discours prononcé à l'École supérieure des troupes spéciales de Biskra, dans la 4e région militaire, dans le sud-est de l’Algérie, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a répondu aux critiques adressées par la rue algérienne et par certains médias et partis politiques à l’institution militaire, l’accusant de ne pas faire assez dans la lutte contre la corruption et d’avoir procédé à des arrestations sélectives, selon un communiqué du ministère de la Défense nationale. Il a expliqué la complexité de l’opération mains propres que l’ANP a déclenchée depuis quelques semaines dans le pays, soulignant que les milieux visés avaient des ancrages à tous les niveaux de la société. Il a par ailleurs appelé le peuple à la plus grande vigilance pour contrecarrer toute réaction de la part de ces mêmes milieux, l’invitant à s’unir avec l’ANP.

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