Depuis quelques semaines, l’Armée nationale populaire algérienne (ANP) et son chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, essuient des critiques de la part des manifestants et de certains partis politiques sur la gestion du dossier de lutte anti-corruption. Ces derniers reprochent à l’ANP d’avoir mené des arrestations «arbitraires et sélectives» sur fond de règlement de compte avec l’ancien pouvoir déchu. Les manifestants ont également reproché à l’ANP d’être derrière la répression des étudiants la semaine dernière à Alger.
«Les slogans scandés par certains manifestants ont été introduits par des groupes de pression à la solde de l’ancienne équipe qui a gouverné le pays», a-t-il déclaré. «Ces puissances de l’argent sale sont en train de dépenser des sommes faramineuses pour porter atteinte à l’image de l’armée algérienne, a-t-il ajouté. Dans le même sens, l’ancien haut gradé a souligné que «les manifestants qui scandent ces slogans n’habitent pas la ville d’Alger». «Ils viennent d’autres wilayas. Chaque vendredi, ils se rendent à la capitale, encadrés par des meneurs appartenant à des parties qui gravitent autour de l’ancien système du DRS [département du Renseignement et de la Sécurité, ndlr] contrôlé par le général Toufik», a-t-il précisé.
Selon l’expert du renseignement, «la campagne de dénigrement contre l’ANP et son chef d’état-major s’est intensifiée depuis que le complot fomenté par Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag a été déjoué et que ces derniers, ainsi que Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des Travailleurs, ont été arrêtés et mis sous mandat de dépôt». «Complot dont le général-major à la retraite Khaled Nezzar, ancien chef d’état-major de l’ANP et ex-ministre de la Défense nationale, avait confirmé l’existence dans sa déposition auprès du tribunal militaire de Blida», a-t-il indiqué.
Abdelhamid Larbi Chérif a ajouté que ce qui compliquait la situation était l’énorme écho médiatique et politique dont jouissait cette campagne anti-ANP. «Certes, c’est étonnant, mais tout s’explique», a-t-il affirmé. «La réalité est que la presse algérienne est loin d’être indépendante», a-t-il lancé, précisant que «la quasi-totalité des titres de la presse écrite sont contrôlés par les réseaux de l’ancien DRS et dont une bonne partie a été achetée par des intérêts liés à la France, à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar et à la Turquie.»
En conclusion, il a répondu aux accusations de répression contre les manifestants, répression «commandée par l’ANP», en particulier celle ayant touché les étudiants la semaine dernière à Alger. L’ex-colonel des services algériens a souligné que «la police n’a pas réprimé». «En fait, il y a un groupe de personnes qui s’est infiltré au milieu des étudiants pour détourner les manifestations et tenter de provoquer des affrontements entre ces derniers et les forces de l’ordre», a-t-il expliqué, indiquant que «malgré ça, la police antiémeute a réagi avec sagesse et retenue et a procédé à l’arrestation de quelques-uns des meneurs, mais pas de tous».
Les 22 et 23 avril, le tout puissant homme d'affaires algérien Issad Rebrab, PDG du groupe agroalimentaire Cevital, les frères Kouninef et Ali Haddad réputés proches de Saïd Bouteflika, ainsi que huit cadres du ministère algérien de l'Industrie ont été placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République du tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger.