Le nouveau ministre algérien de la Justice, Belkacem Zeghmati, a affirmé devant la presse à l’occasion de l'installation de la nouvelle présidente du Conseil d'État, que le fléau de la corruption en Algérie «ne se limite pas au détournement des deniers publics et à l'enrichissement illicite mais s'étend au détournement des biens publics par des décisions émanant de l'administration».
«Les administrations et les services publics ne sont pas épargnés par ce phénomène qui a terni leur réputation et celle de leurs fonctionnaires», a-t-il ajouté, instruisant la justice administrative, avec le Conseil d'État en tête, à lutter efficacement et fermement contre ce fléau.
Par ailleurs, M.Zeghmati a relevé que la corruption, qui a gangrené l’administration et les services publics, a cassé la confiance des citoyens envers leur administration.
Le rôle de l’armée dans la lutte contre la corruption
«Le plus grand danger pour la transition démocratique en Algérie est l’argent sale, qui se compte par milliards de dollars et par dizaines de milliers de milliards de dinars», a-t-il affirmé. «L’arrestation des oligarques, tant qu’ils ne sont pas jugés, n’élimine pas cette menace», a-t-il ajouté. Selon lui, «il faudrait donc, à titre conservatoire, geler les avoirs des personnes incriminées, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger, en vertu des accords d’entraide judiciaire qui nous lient à la Suisse et à d’autres pays. Il faudrait également nommer, en attendant les décisions de justice, des administrateurs provisoires à la tête des entreprises appartenant aux oligarques, pour qu’elles puissent continuer à fonctionner sans préjudice pour l’économie nationale et les employés».
L’ex-ministre du Trésor a indiqué un second danger qui complique la transition qui «est l’urgence dans laquelle se trouve le pays pour se doter rapidement de structures politiques représentatives, en raison de la crise économique». «Si on tarde plus de six mois, la transition elle-même sera compromise», a-t-il averti, soulignant qu’«on pourrait ainsi comprendre la préoccupation de l’état-major de l’armée qui craint justement qu’un processus transitionnel classique ne puisse durer au-delà de ce délai critique». «Peu d’Algériens semblent faire le lien entre ceci et cela», a-t-il poursuivi.