Depuis le 22 février, l'Algérie vit au rythme d'une révolution populaire qui exige le départ complet du système politique ayant présidé aux destinées du pays depuis 20 ans. Ce mouvement populaire n'est pas resté sans résultats. En effet, le 2 avril le Président Abdelaziz Bouteflika a démissionné de son poste dans le cadre de l'article 102 de la Constitution, et des oligarques proches de lui ainsi que des responsables ministériels ont été arrêtés dans le cadre de la lutte anticorruption.
Dans un entretien accordé à Sputnik, Ali Benouari, ancien ministre du Trésor (1991-1992), expert international en finances et PDG-fondateur d'Ecofinance à Genève, a affirmé que le peuple «ne peut qu'exprimer son désir de voir l'ancien système partir, mais il n'a pas le pouvoir de le faire partir» sans l'aide de l'armée. Il a par ailleurs expliqué la position difficile dans laquelle se trouve l'armée algérienne pour accompagner la révolution populaire tout en restant dans le cadre d ses prérogatives constitutionnelles.
«C'est très compliqué, moi je me méfie de ceux qui prétendent avoir des solutions simples», a-t-il déclaré. «Par exemple, je me méfie de ceux qui disent Gaïd Salah[le chef de l'état-major de l'armée, ndlr] dégage», a-t-il ajouté, soulignant que «c'est trop simple, il ne serait pas là et après, ça règle quoi, ça ne règle rien du tout».
Selon l'ex-ministre, «pour aider le peuple à aller vers la transition, l'armée fait ce qu'elle peut dans deux directions: la première pousser vers les élections en application de l'article 102 de la Constitution, même si ni Gaïd Salah ni tout l'état-major ne se font des illusions sur la réussite du processus électoral. Mais ont-ils d'autres choix, à mon avis ils n'en ont pas». «Moi, je dis qu'il ne faut pas regarder seulement l'armée, il faut également que la classe politique et le peuple assument leur responsabilité historique vis-à-vis de la transition», a-t-il soutenu.
Les 22 et 23 avril, le tout puissant homme d'affaires algérien Issad Rebrab, PDG du groupe agroalimentaire Cevital, les frères Kouninef et Ali Haddad réputés proches de Saïd Bouteflika, ainsi que huit cadres du ministère algérien de l'Industrie ont été placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République du tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger.