Ex-général de l’Otan: «pour l’Europe, l’effondrement du Traité FNI serait une catastrophe»

Les États-Unis ont annoncé début février leur retrait du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. Harald Kujat, ancien président du Comité militaire de l'Otan, a regretté dans un entretien accordé à Sputnik cette démarche unilatérale de Washington.
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Le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), dont la résiliation a été annoncée début février par les États-Unis, peut encore être sauvé, a estimé au micro de Sputnik l'ancien président du Comité militaire de l'Otan Harald Kujat, prévenant que le retrait unilatéral de Washington de cet accord était très dangereux pour l'Europe.

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«On peut toujours le sauver. Pour commencer, il faudrait revenir aux inspections réciproques, suspendues en 2001 […] pour établir à quel point sont justifiées les accusations réciproques [de non-respect du Traité FNI, ndlr] des États-Unis et de la Russie», a-t-il expliqué.

Harald Kujat estime toutefois que la menace qui pèse sur l'Europe n'est pas du tout abstraite, mais tout à fait réelle.

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«Pour l'Europe, l'effondrement du Traité FNI serait une catastrophe», a-t-il mis en garde.

Dans une interview accordée à la radio allemande Bayern 2 en février, l'ancien président du Comité militaire de l'Otan avait qualifié le retrait des États-Unis du Traité FNI de «trahison de la sécurité des alliés européens».

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«Cela [la sortie unilatérale américaine du FNI, ndlr] est sans doute lié au désir des États-Unis de se débarrasser de leurs propres engagements face à leurs alliés en Europe. […] Et tout cela se fait évidemment sous le slogan "L'Amérique d'abord"», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.

Le 1er février, les États-Unis ont annoncé qu'ils cesseraient dès le lendemain de respecter le Traité FNI, signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, et qu'ils s'en retireraient officiellement au bout de six mois, sauf si Moscou cessait de violer l'accord.

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En vertu du traité en question, Moscou et Washington s'engageaient à supprimer leurs missiles basés au sol d'une portée comprise entre 500 et 5.500 kilomètres. Le document n'imposait cependant aucune restriction sur d'autres acteurs militaires majeurs, dont la Chine.

En réponse au retrait unilatéral des États-Unis, la Russie a suspendu elle aussi sa participation au traité. Parallèlement, le Président russe a donné son feu vert à la création d'une fusée hypersonique terrestre de moyenne portée. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que les États-Unis avaient violé les dispositions de l'accord à plusieurs reprises depuis 1999.

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