Si un membre de l'Otan en Europe est préoccupé par la perspective de devenir une cible des missiles russes, il aurait dû réagir à temps à la décision des États-Unis de se retirer du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et prévenir ainsi cette démarche, a déclaré à Sputnik l'analyste politique serbe Aleksandar Pavic, professeur à l'université de Belgrade.
«Ce n'est pas la Russie qui s'est retirée du Traité FNI, mais le pays leader de l'Otan, et le Président Poutine a explicitement expliqué que la Russie n'avait fait qu'y réagir. […] Et qu'attendent-ils maintenant de la Russie? Ils s'attendent peut-être à ce que les Russes admettent que les Américains déploient leurs missiles dans les pays européens et les pointent contre la Russie», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que la Russie réagissait tout simplement à l'agression dirigée contre elle.
«C'est ainsi également qu'elle a dû réagir par le développement de nouveaux types d'armements à la décision des États-Unis de se retirer unilatéralement du Traité AMB. Tout au long de ces 20 dernières années, nous observons des sorties unilatérales de la part des dirigeants de l'Otan, auxquelles la Russie est tout simplement contrainte de réagir. Et si les pays de l'Europe de l'Ouest en sont préoccupés, ils devraient en discuter avec Washington au lieu de se plaindre contre Moscou», a résumé l'expert.
Dans son adresse annuelle à l'Assemblée fédérale, le Président russe a attribué à Washington la responsabilité du non-respect du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), annonçant l'intention de la Russie de renforcer son arsenal pour pouvoir se défendre face aux missiles de l'Otan. Cela a provoqué une vive réaction à l'Alliance atlantique. Vladimir Poutine a indiqué que l'administration des États-Unis «cherchait à se blanchir et à désigner des coupables».
Donald Trump avait annoncé le 1er février que les États-Unis cesseraient dès le lendemain de respecter le Traité FNI, signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, et qu'ils s'en retireraient officiellement au bout de six mois, sauf si Moscou cessait de violer l'accord. Le ministère russe des Affaires étrangères a alors accusé les États-Unis de tester des systèmes interdits par le Traité FNI, ainsi que de déployer des systèmes de lancement Aegis sous la forme d'ABM en Europe, qui peuvent en quelques heures être convertis d'un système défensif en un système d'attaque.
Vladimir Poutine a indiqué, le 2 février, que la Russie suspendait aussi sa participation au Traité, en réponse au retrait unilatéral des États-Unis. Il a affirmé que Moscou ne se laisserait pas entraîner dans une nouvelle course aux armements onéreuse, avant d'ajouter que toutes les propositions russes sur le désarmement restaient «sur la table» et que les portes restaient «ouvertes».