La Chine, dont Washington rêve de limiter la réserve de missiles de cette classe et demande même à Moscou d'en persuader Pékin, a déjà laissé entendre qu'elle n'avait pas du tout l'intention de détruire ses arsenaux, écrit le quotidien Izvestia.
Il est plus facile de détruire que de construire
Après le retrait des États-Unis du traité FNI, ce n'est pas seulement le sort du New START qui est remis en question, mais tout le secteur du contrôle des armements et de la non-prolifération. En accusant la Russie de diverses infractions et en jetant le traité FNI au rebut de l'histoire, Washington a tenté de persuader la communauté internationale que rien de grave ne s'était produit car l'ancien sera forcément remplacé par quelque chose de nouveau.
L'accord revisité, affirme Donald Trump, sera merveilleux et signé «dans une belle salle». Bien sûr, la Maison-Blanche ne cachait pas son aspiration à faire absolument adhérer la Chine au FNI, mais n'a pas expliqué pourquoi il fallait détruire pour cela le mécanisme en place.
«Les USA ont enterré le traité FNI. Ni la Chine ni d'autres pays disposant de missiles de cette portée n'accepteront la signature d'un nouveau traité car pour plusieurs d'entre eux, ces missiles constituent la base de leur potentiel de défense», note le haut responsable.
Richard Weitz, directeur du Centre d'analyse militaro-politique du Hudson Institute, a noté que la signature d'un traité global interdisant à tout pays de fabriquer et de déployer des missiles d'une portée comprise entre 500 et 5.500 km est peu plausible dans la situation actuelle. Cependant, il est tout à fait possible de déboucher sur plusieurs options pour limiter ce type de missiles. Par exemple, selon l'expert américain, les États pourraient s'entendre sur l'interdiction des missiles à portée intermédiaire dans des régions concrètes ou sur la limitation du nombre d'ogives détenues par chaque pays. En parallèle, la communauté internationale devra également élaborer un mécanisme de contrôle du respect de ces restrictions.
Bienvenue à la table des négociations
«J'espère que nos partenaires occidentaux sauront analyser la situation sobrement, définiront les priorités de manière responsable et reviendront aux efforts collectifs communs avec nous pour garantir la paix et la sécurité, y compris en matière de contrôle des armements», a déclaré le chef de la diplomatie russe.
Il a rappelé que Vladimir Poutine avait clairement donné la consigne de ne faire aucune nouvelle proposition aux Américains dans ce domaine, car toutes les initiatives russes avaient déjà été posées sur leur table depuis longtemps. Moscou est prêt à débattre de ces propositions dès que l'Occident sera «mûr» pour cela. Néanmoins, la Russie juge primordial d'entamer les négociations sur la prolongation de 5 ans du traité New START qui expire le 5 février 2021.
Et bien que la Russie ait ouvertement déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de déployer des missiles à portée intermédiaire dans les régions où les Etats-Unis ne le feraient pas, Washington préfère l'ignorer. De facto, ce dernier a déjà lancé le développement de missiles auparavant interdits. Toutefois, comme l'a déclaré Sergueï Lavrov, «nous agirons symétriquement et ne permettrons pas d'impliquer la Russie dans une course aux armements dépensière».
Les problèmes ne manquent pas
Pendant ce temps, les États-Unis allouent déjà des fonds pour créer un segment spatial de l'ABM et déployer des moyens offensifs sur l'orbite circumterrestre, a noté le chef de la diplomatie russe. Cela signifie que les Américains pourront détruire dans l'espace les objets indésirables d'autres pays et risquent d'ouvrir la boîte de Pandore.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.