L'adieu au désarmement: l'échec du traité FNI risque de semer le chaos

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La déclaration des États-Unis concernant leur disposition à conclure un nouvel accord global sur les missiles à portée intermédiaire n'est rien d'autre qu'une tentative de faire passer leurs désirs pour la réalité, a déclaré une source diplomatique russe.

La Chine, dont Washington rêve de limiter la réserve de missiles de cette classe et demande même à Moscou d'en persuader Pékin, a déjà laissé entendre qu'elle n'avait pas du tout l'intention de détruire ses arsenaux, écrit le quotidien Izvestia.

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À peine sorti du Traité FNI, Washington envisage de tester des missiles interdits
Par ailleurs, pendant la conférence du désarmement à Genève le 20 mars, Sergueï Lavrov a déclaré que l'abandon par les Américains du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et la création d'une atmosphère d'indétermination par rapport à l'avenir du traité de réduction des armes stratégiques (New START) pourraient conduire à la disparition des mécanismes de contrôle dans le secteur des missiles.

Il est plus facile de détruire que de construire

Après le retrait des États-Unis du traité FNI, ce n'est pas seulement le sort du New START qui est remis en question, mais tout le secteur du contrôle des armements et de la non-prolifération. En accusant la Russie de diverses infractions et en jetant le traité FNI au rebut de l'histoire, Washington a tenté de persuader la communauté internationale que rien de grave ne s'était produit car l'ancien sera forcément remplacé par quelque chose de nouveau.

L'accord revisité, affirme Donald Trump, sera merveilleux et signé «dans une belle salle». Bien sûr, la Maison-Blanche ne cachait pas son aspiration à faire absolument adhérer la Chine au FNI, mais n'a pas expliqué pourquoi il fallait détruire pour cela le mécanisme en place.

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Le retrait des USA du traité FNI enfin expliqué
D'après une source diplomatique russe haut placée, Moscou n'est évidemment pas opposé à un accord global sur les missiles à portée intermédiaire, mais il n'a pas l'intention faire le jeu de Washington dans ce domaine. En piétinant l'ancien traité, les USA ont tenté de présenter la Russie comme la responsable de cette situation, même s'ils affirmaient en coulisses que leur principal objectif était la Chine et d'autres pays disposant de ce type d'armes. De cette manière, les Américains ont mis en péril le système de stabilité stratégique sans prendre la peine d'évaluer la probabilité de créer un nouveau mécanisme qui inclurait d'autres acteurs mondiaux, explique la source.

«Les USA ont enterré le traité FNI. Ni la Chine ni d'autres pays disposant de missiles de cette portée n'accepteront la signature d'un nouveau traité car pour plusieurs d'entre eux, ces missiles constituent la base de leur potentiel de défense», note le haut responsable.

Richard Weitz, directeur du Centre d'analyse militaro-politique du Hudson Institute, a noté que la signature d'un traité global interdisant à tout pays de fabriquer et de déployer des missiles d'une portée comprise entre 500 et 5.500 km est peu plausible dans la situation actuelle. Cependant, il est tout à fait possible de déboucher sur plusieurs options pour limiter ce type de missiles. Par exemple, selon l'expert américain, les États pourraient s'entendre sur l'interdiction des missiles à portée intermédiaire dans des régions concrètes ou sur la limitation du nombre d'ogives détenues par chaque pays. En parallèle, la communauté internationale devra également élaborer un mécanisme de contrôle du respect de ces restrictions.

Bienvenue à la table des négociations

Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev signent le Traité FNI à Washington (8 décembre 1987) - Sputnik Afrique
«Ce n’est pas la Russie qui s’est retirée du Traité FNI, mais le pays leader de l’Otan»
Les propos de Sergueï Lavrov au Palais des Nations avaient d'autant plus de sens que les États-Unis président actuellement la conférence du désarmement de Genève. Dans la ville suisse, il a mis en garde les Américains et leurs alliés contre l'aggravation de la situation, qui pourrait entraîner une course aux armements dans différentes régions de la planète. Une telle évolution serait lourde de conséquences si les États en venaient à considérer l'arme nucléaire comme l'unique garantie de leur sécurité nationale.

«J'espère que nos partenaires occidentaux sauront analyser la situation sobrement, définiront les priorités de manière responsable et reviendront aux efforts collectifs communs avec nous pour garantir la paix et la sécurité, y compris en matière de contrôle des armements», a déclaré le chef de la diplomatie russe.

Il a rappelé que Vladimir Poutine avait clairement donné la consigne de ne faire aucune nouvelle proposition aux Américains dans ce domaine, car toutes les initiatives russes avaient déjà été posées sur leur table depuis longtemps. Moscou est prêt à débattre de ces propositions dès que l'Occident sera «mûr» pour cela. Néanmoins, la Russie juge primordial d'entamer les négociations sur la prolongation de 5 ans du traité New START qui expire le 5 février 2021.

Et bien que la Russie ait ouvertement déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de déployer des missiles à portée intermédiaire dans les régions où les Etats-Unis ne le feraient pas, Washington préfère l'ignorer. De facto, ce dernier a déjà lancé le développement de missiles auparavant interdits. Toutefois, comme l'a déclaré Sergueï Lavrov, «nous agirons symétriquement et ne permettrons pas d'impliquer la Russie dans une course aux armements dépensière».

Les problèmes ne manquent pas

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Membre du Congrès: le retrait du Traité FNI «augmente le risque d’une guerre nucléaire»
Les problèmes de stabilité stratégique ne se limitent pas au FNI et au START. La communauté internationale n'arrive toujours pas à trouver de consensus pour signer la convention sur la lutte contre le terrorisme chimique et biologique. Peut-être parce que l'initiative de ce document provenait de la Russie, ce que les partenaires occidentaux sont loin d'apprécier. Tout comme il n'y a aucun progrès sur le traité proposé par la Russie et la Chine pour la prévention du déploiement d'armes dans l'espace et de la menace ou de l'emploi de la force contre des objets spatiaux. Le projet de traité est sur la table, mais aucune négociation n'a été entamée à ce jour.

Pendant ce temps, les États-Unis allouent déjà des fonds pour créer un segment spatial de l'ABM et déployer des moyens offensifs sur l'orbite circumterrestre, a noté le chef de la diplomatie russe. Cela signifie que les Américains pourront détruire dans l'espace les objets indésirables d'autres pays et risquent d'ouvrir la boîte de Pandore.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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