La Russie crée les "relations basées sur la justice": un analyste sur la visite de Lavrov au Maghreb

© SputnikRussia's Foreign Minster Lavrov holds talks with his Tunisian counterpart Nabil Ammar in Tunis, Tunisia, on Thursday, December 21, 2023.
Russia's Foreign Minster Lavrov holds talks with his Tunisian counterpart Nabil Ammar in Tunis, Tunisia, on Thursday, December 21, 2023.  - Sputnik Afrique, 1920, 22.12.2023
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La récente visite de Lavrov au Maroc et en Tunisie montre que la Russie crée une dynamique dans ses contacts avec les régions du Sud, face aux échecs de la diplomatie occidentale en Afrique, a affirmé à Sputnik Afrique le Dr Abdeljelil Dhahri, juriste international et directeur de Think Thank International Dignité et Espoir.
"La Russie a intercepté la nécessité de l'Afrique de créer d’autres logiques en relations diplomatiques, et pour cela la Russie est en train d'investir dans la création de ce type de relations basées sur la justice, sur le traitement égalitaire et sur le respect, ainsi que de la souveraineté interne", a-t-il dit.
Selon M. Dhahri, cette approche permettra à Moscou d’éviter les erreurs commises par les diplomaties française et américaine dans les relations avec l'Afrique. Ces relations ont été marquées par "l'inégalité, l'ingérence dans les affaires internes et le mépris", a-t-il rappelé.

Vers une nouvelle architecture mondiale

L’ordre mondial instauré il y a plusieurs décennies et régi par les États-Unis n’a pas réussi à assurer la sécurité dans le monde. De nombreuses crises qui le frappent actuellement en sont la preuve, constate l’expert.

"L'ordre mondial […] qui a été conçu et dirigé par les États-Unis a failli. Il n'a créé que du malheur pour l'humanité, il n'a créé que des guerres, des déstabilisations internes, des défaillances économiques et sociales. Et les États Unis sont les seuls responsables", a-t-il tranché.

M. Dhahri a tenu à souligner que pour instaurer un ordre différent, il faut établir une autre dynamique dans les relations diplomatiques internationales.
"L'humanité est devant le défi de créer un ordre mondial plus équitable, plus respectueux pour l'humanité, basé sur l'égalité entre les nations pour en finir avec l'ordre mondial de l'esclavagisme", a insisté le juriste.
Et d’ajouter que Washington et les États qu’il a instrumentalisés comme la France sont responsables de cette situation.

Conditions très contraignantes

La Tunisie risque de souffrir pendant longtemps des conséquences de cette répartition des forces dans le monde qui se traduit par le diktat de certaines institutions financières.
La dette tunisienne envers la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) pèse très lourd dans l’économie actuellement. Cette dette va même impacter les futures générations, qui devront toujours la rembourser, a admis Dr Abdeljelil Dhahri.
"Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, ce sont les instruments d'un ordre mondial américain […]. C'est normal que ces instruments essaient de diriger les pays, les peuples, le destin de ces peuples avec mépris, avec égoïsme, avec sauvagerie sans prendre en considération les priorités sociales et économiques", a expliqué le juriste.
Tunis en est train de négocier avec le Fonds monétaire international, mais les conditions de cette institution ne sont pas acceptables pour le pays.

"Les négociations avec ces institutions [BM, FMI] sont basées […] sur la contrainte et le non-respect. C'est normal, parce que c'est la mentalité de ces institutions sauvages qui ne prennent jamais en considération les conditions des pays. Ces institutions sont en train d'obliger la Tunisie à enlever les subventions des produits premiers, ce qui va par exemple créer des émeutes, une autre révolution. Mais ça serait une révolution des anarchistes parce que ce sera une révolution de la famine et de l'absence de la dignité humaine", a détaillé Dr Abdeljelil Dhahri.

Pour lui, le système financier mondial a besoin d’être réformé.
"C'est un système qui est dirigé par la seule monnaie, le dollar, qui a servi et est en train de servir les intérêts d'une seule nation, celles des États-Unis sur le compte des autres nations du monde. Les États-Unis ont imposé le dollar comme une valeur monétaire internationale […]. C'est une logique basée sur la contrainte, l'absence de négociation, la suprématie et l'absence de considération des besoins socio-économiques des nations ", a-t-il conclu.

BRICS, une alternative aux organisations financières internationales

Dans ce contexte, l’adhésion aux BRICS, évoquée comme "possible" par Tunis auprès de Sputnik avant la rencontre avec M. Lavrov, pourrait devenir un "relais de secours" pour l'économie et les finances.
"Appartenir aux BRICS […] sera pour la Tunisie une source de respiration financière, budgétaire et économique. La coopération avec les BRICS permettra de s'éloigner de cette domination, de ce contrôle, de cette tutelle abusive du Fonds monétaire international. Les BRICS seront un relais de revitalisation, d'investissements et de réanimation", a affirmé M. Dhahri.

Rôle de Moscou dans le règlement du conflit à Gaza

L’un des sujets abordés par Sergueï Lavrov au Maroc et en Tunisie était la question palestinienne. Pour le juriste, c’est notamment Moscou qui de par ses relations avec toutes les parties serait capable d’accompagner le dialogue entre les belligérants.
"La Russie est la seule force internationale capable de faire la médiation et la seule force au niveau international et qui sera capable d'assurer la négociation et de garantir le dialogue entre les différentes parties", a-t-il déclaré.
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