Le Gabon réclame à la France un masque rituel vendu aux enchères: ce que l’on sait

© AFP 2024 PASCAL GUYOTCette photographie prise le 24 mars 2022 montre un masque "Ngil" du peuple Fang du Gabon. Il a été estimé 300 000/400 000 euros et a été vendu aux enchères le 26 mars 2022 à la maison de ventes de Montpellier.
Cette photographie prise le 24 mars 2022 montre un masque Ngil du peuple Fang du Gabon. Il a été estimé 300 000/400 000 euros et a été vendu aux enchères le 26 mars 2022 à la maison de ventes de Montpellier. - Sputnik Afrique, 1920, 01.11.2023
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Les autorités gabonaises ont réclamé devant la justice française la restitution d’un masque rituel unique vendu aux enchères pour 4,2 millions d’euros. Il est actuellement au cœur d’un procès. Sputnik retrace le déroulé de cette affaire.
D’un côté, un couple de retraités du sud de la France a saisi la justice pour faire annuler sa vente à un brocanteur pour 150 euros d’un masque Fang du Gabon revendu pour 4,2 millions d’euros, hors frais. De l’autre, le Gabon a réclamé le rapatriement de l’objet.
En introduction du procès qui s’est ouvert le 31 octobre à Alès, deux avocats représentant le gouvernement de transition du Gabon ont demandé à ce que leur intervention soit jugée recevable, rapporte TRT Afrika.
Les avocats se proposent de "parvenir à l’annulation successive des ventes de ce masque, à son rapatriement et à la consignation des fonds".
L’objet n’est pas anodin. Son esthétique a inspiré les peintres Modigliani ou Picasso.
Selon les conclusions des spécialistes, il a été fabriqué au XIX siècle par un artisan du peuple Fang pour être utilisé dans les cérémonies des sorciers de la secte "ngil" interdite en 1910 par l’administration coloniale française.

Un masque collecté par un gouverneur colonial français

L’histoire remonte à septembre 2021. Les vendeurs initiaux, un couple d’octogénaires, avait décidé de se débarrasser d’objets accumulés dans leur résidence secondaire du Gard et fait appel à un brocanteur.
Celui-ci leur a acheté le masque 150 euros.
Six mois plus tard, le couple a appris en lisant un journal que l’objet était "un rarissime masque du XIX siècle, apanage d’une société secrète du peuple Fang au Gabon". Le journal a indiqué qu’il allait être vendu aux enchères à Montpellier.
Le catalogue de la maison de vente a précisé qu’il avait été "collecté vers 1917 dans des circonstances inconnues, par le gouverneur colonial français René Victor Edward Maurice Fournier (1873-1937) probablement lors d’une tournée au Gabon". Depuis, il est resté pendant plus de 100 ans aux mains de ses descendants.
Finalement, il a été adjugé à 4,2 millions d’euros. L’identité de l’acheteur n’est pas connue. Selon certaines informations il s’agit d’un "grand collectionneur international, qui ne réside pas en France".

Un masque qui "a une âme"

Sa mise aux enchères a provoqué les protestations de la diaspora gabonaise en Occitanie.
"Ce masque a une âme. Ce masque est le masque de la justice. Par des rituels il désignait les coupables et les innocents dans le village. Ce masque appartient au peuple Fang au Gabon et doit revenir au Gabon", a indiqué Solange Bizeau, présidente du Collectif Gabon Occitanie.
"Nous avons prévenu les autorités gabonaises lorsque nous avons appris la mise en vente du masque une semaine avant les enchères. L’ambassadeur du Gabon n’était pas au courant. Le ministère de la Culture gabonais nous a dit qu’il ferait tout pour ramener le masque au Gabon", a-t-elle détaillé.
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