Washington serait en train de perdre un partenaire clé au Moyen-Orient

© AP Photo / Markus SchreiberLa Tour du Royaume à Riyad
La Tour du Royaume à Riyad - Sputnik Afrique, 1920, 26.09.2023
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Riyad cherche à minimiser l’influence de Washington sur sa politique tout en intensifiant ses liens avec Moscou et Pékin, indique Le Monde. Les autorités saoudiennes profitent des revenus pétroliers pour entamer un développement technologique visant à raffermir la puissance du royaume au Moyen-Orient.
L’Arabie saoudite réduit sa dépendance aux États-Unis tout en resserrant ses relations avec la Russie et la Chine, affirme l’hebdomadaire français Le Monde. En même temps Riyad ne veut pas complètement rompre avec Washington, selon le journal, exigeant des États-Unis de nouveaux "pactes d’assistance", les pays étant traditionnellement considérés comme des alliés de longue date.
"Riyad se sent de moins en moins lié avec Washington par l’accord "pétrole contre protection" de 1945, tout en lui réclamant un pacte d’assistance", a affirmé le journal français.
Aucune pression des États-Unis n’a pu contraindre le prince saoudien à abandonner sa position sur le dossier pétrolier, note le média. Même le voyage du Président Biden à Djeddah en juillet 2022 n’a pas persuadé le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) d’accroître la production pétrolière, ce qui a eu des conséquences catastrophiques pour Washington, selon Le Monde.

Choix vers la diplomatie pragmatique

Contrairement à une politique d’adhérence aux alliances majeures poursuivie par Riyad au cours de nombreuses années, les princes saoudiens optent aujourd’hui pour une diplomatie plus pragmatique: ils se tournent désormais vers l’Est, notamment vers les deux adversaires de "leur ancien maître" que sont la Chine et la Russie, indique le journal français.
La coopération russo-saoudienne se développe non seulement dans le viseur d’intérêts conjoints portant sur la production pétrolière mais sur plusieurs autres axes.
Au cours d’un entretien téléphonique mené par le prince héritier Mohammed ben Salmane et le Président russe Vladimir Poutine début septembre, les deux dirigeants se sont dits satisfaits du développement des liens multilatéraux entre la Russie et l'Arabie saoudite et ont examiné plusieurs questions commerciales, logistiques et d'investissements.
Entre autres, les deux dirigeants ont hautement apprécié leur coopération dans le format OPEP+. Moscou et Riyad ont surtout noté que l’accord sur la réduction de la production de pétrole, atteint parallèlement aux engagements volontaires bilatéraux concernant la limitation des livraisons, permet d'assurer la stabilité du marché global de l’énergie.
Les revenus pétroliers, dans le contexte des distances prises avec les États-Unis, permettent à l’Arabie saoudite d’œuvrer au développement des technologies pour établir son influence au Moyen-Orient, avec ou sans les États-Unis, d’après le média français.

Programme nucléaire d’Arabie Saoudite

D’autre part, l’Arabie saoudite entend construire des centrales nucléaires. Au lendemain de son adhésion aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud + nouveaux membres), l’Arabie saoudite a laissé entendre qu’elle étudiait la proposition de Pékin de construire un réacteur nucléaire en vue de développer son industrie nationale.
Sous le prétexte d’autoriser le transfert de technologie à Riyad, Joe Biden exige de MBS de renoncer à d’éventuels projets d’enrichissement de l’uranium, toujours selon le média français.
Toutefois le prince ben Salmane a souligné fin septembre qu’une "Amérique plus compréhensive" éviterait à Riyad de devoir chercher des partenaires ailleurs, marquant par ces propos qu’il n’est pas facile de se débarrasser totalement de la protection américaine, a conclu Le Monde.

Tensions sans précédent entre Washington et Riyad

En juin dernier, le Washington Post avait déjà signalé des tensions sans précédent entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite.
En octobre 2022, Joe Biden avait promis des "conséquences" à l'Arabie saoudite pour sa décision de réduire la production de pétrole dans le contexte de prix élevés de l'énergie aux États-Unis.
Le gouvernement saoudien avait poliment défendu ses actions en public. Tandis qu’en privé, Mohammed ben Salmane avait menacé de "modifier fondamentalement la relation américano-saoudienne et d'imposer des coûts économiques importants aux États-Unis s'ils ripostaient contre les décisions pétrolières", avait relayé le quotidien américain citant un document classifié.
Au final, Biden n'a pas sanctionné le royaume saoudien qui continuait de dialoguer avec de hauts responsables américains notamment dans le cadre de la médiation américano-saoudienne dans le dossier soudanais, toujours selon le Washington Post.
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