Cette mission sanitaire russe a permis de vaincre une flambée d’infections intestinales au Congo

© Photo Le service de presse de RospotrebnadzorMission au République du Congo, août 2023
Mission au République du Congo, août 2023 - Sputnik Afrique, 1920, 06.09.2023
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Une équipe envoyée par l’agence sanitaire russe Rospotrebnadzor a aidé à surmonter une flambée d’infections intestinales au Congo au cours d’un seul mois. Dans une interview à Sputnik Afrique, Natalia Pchenitchnaïa, qui est membre de cette mission et une responsable de cette instance, raconte la teneur du travail mené avec les collègues congolais.
Déployée en août au Congo, une équipe médicale russe a aidé le pays à surmonter une flambée d’infections intestinales, a rapporté l’agence sanitaire russe Rospotrebnadzor. Les détails de cette mission, qui a été couronnée de succès avec la division par 16 taux d’incidence, ont été livrés à Sputnik Afrique par Natalia Pchenitchnaïa, membre de l’équipe et vice-directrice à l’Institut central de recherche en épidémiologie de Rospotrebnadzor.

Déroulement du travail en commun

Selon la spécialiste, le Congo a offert toutes les conditions nécessaires pour réussir ce travail tant à Dolisie, troisième la plus grande ville du pays, qu’au niveau national.
"Tout ce qui dépendait de nos collègues de la République du Congo a été pleinement réalisé. Nous avons discuté avec des médecins et des membres du laboratoire. Nous avons examiné les patients et avons également communiqué avec eux. On a aussi pris connaissance des dossiers médicaux et des résultats des analyses de laboratoire, ainsi que des médicaments qui se trouvaient dans les pharmacies. Autrement dit, toutes les informations qui nous intéressaient nous ont été fournies immédiatement", s’est-elle réjouie.
La communication a été marquée par "une atmosphère "très conviviale et ouverte": "Nous avons été surpris par la cordialité avec laquelle nos collègues du Congo nous ont reçus", relate Mme Pchenitchnaïa.
Il n’y avait "même pas de barrière linguistique" grâce à une femme médecin congolaise qui avait fait ses études dans une université russe. Certains de ses collègues parlaient russe aussi, alors que quelques membres de l’équipe russe parlaient français, a-t-elle noté.
Tout au long du travail en commun, les Congolais ont mis en œuvre toutes les recommandations russes, ce qui "a certainement apporté les résultats escomptés en matière de réduction de l'incidence des infections intestinales", conclut la chef adjointe des travaux cliniques et analytiques de l’institut de recherche.
Par ailleurs, cette mission a réservé quelques surprises aux Russes.
"Ce que nous n'avions pas vu en Russie, c'est lorsque des patients ont reçu simultanément un diagnostic de, par exemple, deux maladies: le paludisme, qui est naturellement endémique en République du Congo, et l'une des infections intestinales qui y ont été observées. Bien que le traitement simultané du paludisme et des infections intestinales soit tout à fait logique pour nous, néanmoins, pour moi, c'était une première expérience", a confié la chercheuse.

Spécialistes et équipements impliqués

Généralement, ces missions, qui sont axées sur les recherches sur une épidémie de maladie infectieuse ainsi que sur l'organisation de mesures antiépidémiques et l'assistance au traitement de patients atteints de diverses maladies infectieuses, sont réalisées par des épidémiologistes, des spécialistes du diagnostic en laboratoire et de spécialistes des maladies infectieuses, explique Mme Pchenitchnaïa.
"Bien entendu, sans équipement de laboratoire moderne, la mission ne peut être considérée comme complète".
De ce fait, les spécialistes de Rospotrebnadzor voyagent toujours avec un laboratoire mobile spécialisé dans le diagnostic et utilisant les méthodes de recherche les plus modernes. Il s'agit principalement d'une réaction en chaîne par polymérase, c'est-à-dire de méthodes de génétique moléculaire, souligne-t-elle. Dans certains cas, il est également possible de séquencer différents pathogènes.
En plus de cela, l’agence sanitaire russe propose toujours des méthodes de recherche bactériologiques classiques, "vraiment nécessaires dans le cadre de diagnostics complexes":
"Par conséquent, notre laboratoire était équipé de presque tout cela. Il a été installé très rapidement, littéralement en un ou deux jours, dans la ville où se trouvait l'épicentre des infections intestinales. Et puis nous avions déjà vérifié exactement les maladies dont souffraient les patients à ce moment-là".

Tâches de l’équipe

Revenant sur les tâches de son groupe, l’infectiologue a raconté que ses collègues russes avaient pour mission d'examiner les patients, de comprendre quels diagnostics avaient été précédemment faits dans des hôpitaux locaux et de discuter plus en détail avec les médecins des principes d'isolement de ces patients atteints de diverses maladies pour empêcher les épidémies d'infections nosocomiales.
De plus, ils devaient travailler sur la question des mesures antiépidémiques, discuter des schémas thérapeutiques en fonction des maladies présumées, tout comme des règles de sortie de l'hôpital, car les patients doivent quitter l'hôpital en bonne santé et ne pas représenter de danger pour les autres.
"C'est pourquoi, dans le cadre de notre travail, nous avons organisé tous ces événements et, en conséquence, rédigé des recommandations dont nous avons discuté avec nos collègues du Congo", a-t-elle fait valoir.
Pour Mme Pchenitchnaïa, il ne s’agissait pas de sa première expérience sur le continent africain, non plus que pour son équipe:
"Auparavant, les collègues ont travaillé en République de Guinée. Ils ont aussi travaillé au Vietnam, certains d'entre eux se sont même rendus dans la zone de la catastrophe au Liban [la double explosion dans le port de Beyrouth –ndlr] en 2020. Il y a eu également une expérience de travail en Afrique du Sud, sur fond de propagation de la souche du coronavirus Omicron. Nous nous sommes rendus avec un laboratoire mobile -épidémiologistes, spécialistes du diagnostic en laboratoire, spécialistes des maladies infectieuses- justement au sein du foyer, là où il y avait la plus grande augmentation de l'incidence à l’époque", s’est-elle souvenue.
Et d’ajouter que "cette mission avait été un succès".

Déploiement rapide de la mission

Le fait que cette équipe a été constituée et envoyée au Congo dans les 48 heures après la prise de décision relève toutefois d’une pratique courante, explique Natalia Pchenitchnaïa:
"Ce n'est pas la première mission, et le schéma des actions est déjà mis au point. Il existe un certain ensemble d'équipements, c'est-à-dire des systèmes nécessaires pour se rendre dans de tels foyers de maladies infectieuses. Il existe des équipes antiépidémiques spéciales à Rospotrebnadzor, en fait, ce sont des équipes d'intervention rapide. Il s'agit de spécialistes de profils variés, comme je l'ai déjà dit, d'épidémiologistes, infectiologues, virologues, bactériologistes".
Chaque spécialiste concerné a une valise prête pour pouvoir partir en urgence, en deux ou trois heures, selon elle.
"Il s'agit des forces spéciales de lutte contre les maladies infectieuses de Rospotrebnadzor. Nous avons déjà une équipe tellement bien coordonnée que chacun sait ce qu’il a à faire".
Certes, il existe plusieurs équipes de ce type à l’agence sanitaire russe, "car des épidémies de maladies infectieuses peuvent survenir simultanément dans deux ou trois pays", souligne l’infectiologue.
Et d’ajouter qu’à chaque fois, de nouveaux jeunes spécialistes rejoignent ces équipes mobiles pour partager l’expérience et assurer une certaine continuité. En sus des spécialistes, l’équipement médical est préparé tout aussi promptement:
"L'ensemble complet des fournitures pour l'équipement, la composition des systèmes de test et des kits de diagnostic vient immédiatement. Autrement dit, en général, les experts se rendent immédiatement à la passerelle de l'avion en emportant du matériel avec des systèmes de test".
Dans le cadre de cette mission, les infectiologues russes avaient des équipements, des systèmes de tests et une tente spéciale conçue spécifiquement pour l’installation d'un laboratoire mobile à l'endroit où se situe le foyer d'infection. Cette tente assure le respect du régime antiépidémique et une ventilation appropriée, a expliqué la responsable.
Après le départ du groupe russe, les infectiologues africains ont hérité du laboratoire, avec un ensemble complet de réactifs de fabrication russe, y compris ceux mis au point par l’Institut de recherche en épidémiologie.
"Nous avons dispensé une courte formation pour que nos collègues congolais puissent continuer à travailler sur ces équipements. Cela rendra les diagnostics de laboratoire plus efficaces, ce qui permettra de poser rapidement des diagnostics précis pour les patients et, conformément à cela, de déjà mettre en œuvre des mesures antiépidémiques", a-t-elle résumé.

Futures interactions

L’agence sanitaire russe prévoit de poursuivre son travail avec le Congo, a déclaré Natalia Pchenitchnaïa, tout en revenant sur le programme spécial destiné aux pays africains dans l'étude de la prévention des infections annoncé par Vladimir Poutine lors du sommet Russie-Afrique fin juillet.
"Ce programme a été mis en œuvre presque immédiatement. J'espère qu'à l'avenir, premièrement, des collègues du Congo viendront nous voir pour différents cycles de diagnostic des maladies infectieuses. Mais aussi que nos spécialistes partiront également, contribuant à la lutte et à la prévention des maladies infectieuses. Des livraisons de nos systèmes médicaux sont également possibles", a indiqué la chercheuse.
En plus de cela, pour approvisionner le laboratoire offert, l’agence sanitaire russe pourrait fournir sur demande divers systèmes de diagnostic des maladies infectieuses.
D’autres équipes sont déployées au Burundi et en Guinée. Il y a aussi des bases de soutien de Rospotrebnadzor, qui y exerce une surveillance extraterritoriale, aidant simultanément différents pays à lutter contre diverses maladies infectieuses, à les étudier et à évaluer divers risques, a expliqué la responsable.
"Le Congo est un pays qui nous est sympathique, c'est un pays intéressant et beau; des gens très ouverts, agréables et qui nous traitent avec gentillesse. Il y a l’envie de revenir travailler, d'aider ceux qui en ont besoin, de coopérer dans divers domaines scientifiques. Et bien sûr, animer divers séminaires pédagogiques", a-t-elle estimé.
En tout cas, les spécialistes de l’agence sanitaire russe sont prêts "non seulement à voyager en cas d'apparition de telles épidémies, mais également à coopérer en matière d'échange d'expériences tant pour les diagnostics en laboratoire qu'en général pour la prise en charge des patients atteints de diverses maladies infectieuses", conclut Mme Pchenitchnaïa.
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