Accord céréalier: "Le continent africain est devenu l’otage de la politique des pays occidentaux"

© Sputnik . Ilya Naimouchine / Accéder à la base multimédiaÉpis de blé, image d'illustration
Épis de blé, image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 05.09.2023
S'abonner
Pour la reprise de l’accord céréalier, l’Occident doit supprimer les sanctions antirusses, a réaffirmé M. Poutine lors d’une réunion avec son homologue turc. Mais l’Occident ne l’acceptera pas, bien que son refus nuise à la sécurité alimentaire de l’Afrique, ont estimé des analystes russe et ivoirien auprès de Sputnik Afrique.
L’Occident prend l’Afrique en otage dans le secteur alimentaire, en plus d’autres domaines, lorsqu’il refuse de remplir les conditions de la Russie pour relancer l’accord céréalier, a fait savoir auprès de Sputnik Afrique un chercheur au centre d’études proche-orientales et africaines de l’université MGIMO.
"Le continent africain est devenu l’otage de la politique des pays occidentaux, et non seulement du point de vue de la question alimentaire. Ce sont aussi des dépendances bancaires, éducatives et d’autres. À mon grand regret, les positions et les intérêts des États africains ne sont pas vraiment pris en compte aux États-Unis et dans l’Union européenne", a déclaré Ivan Lochkarev.
Une situation à laquelle l’Afrique reste "incompréhensible", selon Malick Niang, membre du conseil d’administration de l’Association des engrais de l’Afrique de l’Ouest (WAFA Fertilizer), interrogé par Sputnik.
Il a d’ailleurs rappelé la volonté du Président Poutine "de permettre aux pays en difficulté d'avoir accès à certaines matières de première nécessité, d'avoir accès à des matières dont la Russie dispose en abondance", tout en mettant en valeur l’opposition de l’Occident qui continue de bloquer les denrées et les engrais russes.
"Nous comprenons difficilement pourquoi l'Europe continue de bloquer cet accord", conclut M.Niang.
Selon lui, il est impossible de "prôner la libre collaboration entre les États", comme il est d’usage pour l’Occident, et à la fois "de donner la possibilité à un groupe d'États ou un groupe de personnes de décider à la place d'un autre groupe d'États".

Obstination occidentale

En outre, 70% des céréales évacuées d’Ukraine ont été acheminées vers les pays riches, dont l’UE il s’en suit que l’Occident était le principal bénéficiaire de l’accord. . La reprise de l’accord est donc conditionnée par la levée des sanctions sur l’exportation des produits agricoles russes, une exigence qui a été réitérée par Vladimir Poutine lors de ses négociations avec son homologue turc, le 4 septembre, à Sotchi.
Cependant, l’Occident resterait rétif, suggère Ivan Lochkarev:
"Cherchant à obtenir une supériorité dans le conflit ukrainien, l’Occident n’acceptera pas le respect de [ces] engagements. Outre les aspects stratégiques, certains pays occidentaux dont le Canada et la France concurrencent la Russie sur les marchés alimentaires. Les restrictions actuelles font leur jeu".
L’Occident serait pourtant le premier à perdre, a estimé de son côté Malick Niang:
"Nous ne pensons pas qu'il serait logique aujourd'hui de refuser la main tendue de Vladimir Poutine", sachant que l’écrasante majorité des céréales est va finalement partie vers les pays développement. Par ailleurs, "c'est comme si ce sont eux qui avaient en premier besoin de ces produits".

"Une bouffée d’oxygène"

Pour apaiser la situation dans certains pays en difficulté, le Président russe a annoncé à plusieurs reprises l’envoi gratuit de grains russes vers six pays africains. Au cours des mêmes pourparlers avec Recep Tayyp Erdogan, il a fait part de la finalisation des discussions sur ce sujet.
Une décision que l’Afrique "salue", car elle a pour mission d’"aider, de supporter et d’appuyer", s’est réjouie M.Niang:
"Ce sont des pays qui sont aujourd'hui en combat sur tous les fronts, aux niveaux sécuritaire, humanitaire et alimentaire. […] Ils font face à de grandes difficultés avec les attaques de terroristes, [lesquels] occupent des terrains agricoles".
Le fait que "la Russie décide d'offrir gratuitement des céréales" représente "une bouffée d’oxygène", souligne le spécialiste en rappelant qu’il s’agit aussi de dons d’engrais.
Enfin, il a exprimé l’espoir que "ces pays en feront bon usage et que cela permettra en tout cas de soulager [leurs] dirigeants pour pouvoir continuer le combat qu'ils sont en train de mener".
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала