"En voilà le résultat": Un politique soudanais reproche à l’Onu l’escalade au Soudan
11:32 18.04.2023 (Mis à jour: 12:02 18.04.2023)
© AP Photo / Marwan AliDe la fumée s'élevant d'un quartier central de Khartoum, capitale du Soudan, le 16 avril 2023
© AP Photo / Marwan Ali
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Alors que les combats font rage au Soudan entre les Forces paramilitaires de soutien rapide et l’armée, des hommes politiques soudanais tentent d’analyser les causes de l’escalade.
Des affrontements ont éclaté au Soudan samedi 15 avril entre les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) et l’armée sur fond de rivalités persistantes dans le pays depuis le putsch de 2021.
La semaine dernière, la signature d'un accord politique censé sortir le Soudan de l'impasse a été reportée. Le désaccord principal et le plus contesté concerne l'intégration des FSR au sein de l'armée, ce qui bloque toujours le retour à la transition.
Le dirigeant du Mouvement populaire de libération Mouhammad Moustafa estime cependant que les raisons de cette nouvelle spirale de tensions sont trop nombreuses.
"La hâte avec l’accord-cadre entre les militaires et les autorités civiles, ainsi que l’absence d’un consensus entre eux sur les voies pour mettre au point une politique intérieure sont, apparemment, les raisons principales. Le gouvernement faisait tout pour aggraver la situation et en voilà le résultat", analyse-t-il pour Sputnik.
Dans une certaine mesure, l’escalade tient à l’échec d’un mécanisme de règlement tripartite conduit par l’émissaire de l’Onu au Soudan Volker Perez. Celui-ci a hâté la ratification de l’accord-cadre, préférant fermer les yeux sur toute une série de problèmes en suspens.
Le responsable politique estime également que les forces extérieures, au premier chef l’Onu, n’ont pas réussi à prévenir cette explosion.
Mettre fin à l’escalade et négocier
"Il va de soi qu’il est nécessaire de renoncer à l’escalade et de se mettre à la table des négociations. Les militaires ne doivent pas avoir de conflits entre eux: il faut rester une force unie et un front uni. Sinon les ennemis communs, par exemple les islamistes, pourraient profiter de la situation. Le risque est alors grand de perdre le pays définitivement", estime M.Moustafa.
Il a fait savoir que le Mouvement populaire de libération du Soudan a déjà proposé aux deux parties au conflit des conditions pour suspendre les hostilités et entamer les négociations.
"À notre avis, cela pourrait aboutir à la compréhension mutuelle."
L’Onu doit intervenir
Le dirigeant du Parti Oumma, Fadlallah Burmah Nasser, signale que depuis le début de l’escalade son mouvement ne parvient pas à contacter les parties au conflit.
"À notre grand regret, les téléphones sont muets, contrairement aux armes. En l’occurrence, le silence de la communauté internationale, en premier lieu de l’Onu, est étonnant. Pourquoi n’exhortent-elles pas à la paix? Pourquoi nos voisins, les États arabes frères, gardent-ils le silence?", s’interroge-t-il.
M.Nasser rappelle que la capitale soudanaise, peuplée de 10 millions d’habitants, est en proie à des combats d’envergure. La population de Khartoum et d’autres villes soudanaises est exposée à un grave danger.
"J’appelle le Conseil de sécurité de l’Onu et la communauté internationale à intervenir d’urgence. Personne ne sait jusqu’où peut aller l’escalade. Personne ne sait si elle peut dégénérer en une guerre civile meurtrière."
Les combats de rue et les bombardements incessants au Soudan depuis samedi ont fait plus de 185 morts, selon l'Onu, et plus de 1.800 blessés.