Relations avec Paris et Moscou: le Burkina est "dans une phase de transition" selon un politologue

© AP Photo / Kilayé BationoUne manifestation au Burkina Faso, le 2 octobre 2022
Une manifestation au Burkina Faso, le 2 octobre 2022 - Sputnik Afrique, 1920, 28.01.2023
S'abonner
La pression mise par le peuple burkinabé sur les autorités françaises pourrait finir par assainir les relations entre Ouagadougou et Paris. Une nouvelle donne diplomatique qui permettrait aussi d’imaginer d’autres partenariats, notamment avec Moscou, déclare à Sputnik le géopolitologue Oumarou Paul Koalaga.
Les diverses manifestations contre la présence française au Burkina, qui ont abouti au rappel par Paris de son ambassadeur, ouvrent de nouveaux horizons à la diplomatie burkinabée, a expliqué à Sputnik Oumarou Paul Koalaga, directeur exécutif de l'Institut de Stratégie et de Relations Internationales (ISRI).
Ouagadougou n’a pas encore claqué la porte au nez de Paris et la rupture entre les deux pays n’est pas consommée. L’actuelle crise pourrait permettre de repenser les relations entre les deux pays et d’ouvrir de nouvelles perspectives, affirme le géopolitologue burkinabé, rappellant que la France est depuis longtemps le premier partenaire de son pays.
"À moyen terme, nous sommes dans une période de transition. Les choses pourraient connaître une nouvelle évolution ou reprendre la dynamique des années passées, lorsque la France était le premier partenaire du Burkina Faso […] Le capitaine Traoré doit écrire une nouvelle page de l'histoire entre les deux États, basée sur le respect de la souveraineté et sur des rapports satisfaisant les intérêts réciproques de Ouagadougou et de Paris", explique-t-il.
Sur le plan militaire, les choix semblent néanmoins actés et la France devrait bien retirer ses troupes d’ici un mois, comme l’a annoncé récemment le quai d’Orsay. Reste à savoir où se replieront les 400 militaires présents au Burkina. La piste d’un point de chute au Niger est plausible, à l’image des soldats français ayant quitté le Mali, mais Oumarou Paul Koalaga voit plutôt un repli vers le nord de la Côte d'Ivoire, région aussi en proie à la menace terroriste.

Partenariat russe: "c’est de bonne guerre!"

La nouvelle donne diplomatique au Burkina ouvre également un espace à la Russie, qui multiplie les appels du pied vers Ouagadougou ces derniers temps. Une stratégie qui semble bien accueillie par la plupart des citoyens, souligne Oumarou Paul Koalaga.
"Cette +offensive+ russe, à la fois sur les volets diplomatiques, médiatiques et sécuritaires est bien visible. Cela réussit, puisque beaucoup de citoyens burkinabés, africains, sahéliens ne jurent aujourd’hui que par la Russie. La France le sait, elle suit les événements et voit le travail autour de ce nouveau positionnement dans le Sahel, qui s'inscrit dans une logique de mutation géopolitique. Quelque part, c'est de bonne guerre!", explique-t-il.
Ouagadougou estime notamment que Moscou pourrait l’épauler pour contrer la menace terroriste, qui ne cesse de s’étendre dans la zone sahélienne. Fin décembre, le Premier ministre burkinabé Apollinaire Kyelem de Tambèla avait ainsi incité la Russie à s’engager à ses côtés dans la lutte antidjihadiste et contre la crise alimentaire.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала