Un professeur turc explique pourquoi les objectifs de l’accord céréalier n’ont pas été atteints
© Sputnik . Pavel Lisitsyn
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L’objectif de l’accord sur les céréales n’a pas été atteint et le blé n’a pas été livré dans les zones ciblées à cause de l’avidité de l’Occident, estime le président du Bureau des agriculteurs du parti turc Vatan, Cengiz Çakir.
Le Président du Bureau des agriculteurs du Parti patriote turc (Vatan) et professeur de l’université de l’Égée Cengiz Çakir estime qu’en raison de l’avidité des grandes sociétés occidentales le blé, dans le cadre de l’accord céréalier signé à Istanbul le 22 juillet, n’a pas été fourni aux pays affamés, mais a été stocké en Occident.
Le 29 octobre, la Russie avait annoncé qu’elle suspendait sa participation à l'accord sur les céréales, après une attaque "massive" de drones ciblant la flotte russe en Crimée. Les bâtiments visés assuraient la sécurité du couloir céréalier, selon Moscou.
Le 2 novembre, elle est revenue dans l’accord après que Kiev avait donné des garanties de ne pas utiliser le corridor céréalier et les ports ukrainiens pour mener des actions militaires.
M.Çakir estime cependant les céréales n’ont pas atteint "les zones ciblées".
"Le blé est allé dans les pays européens avec plus d'argent et y est stocké. Mais il ne va pas aux pays affamés. À cet égard, l'objectif de l'accord n'a pas été atteint. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, plus de 50 pays d'Afrique du Nord, d'Asie occidentale et centrale ont besoin que ce blé soit transporté par la mer Noire. Ce sont tous des pays pauvres qui souffrent de pénuries alimentaires. Certains d'entre eux, comme le Liban et le Yémen, dépendant à 80 ou 100% de ces céréales", a-t-il déclaré dans les colonnes du journal Aydınlık.
Le problème vient de compagnies avides
Selon le professeur, le problème n'est pas dans le fait qu’il y ait peu de blé, "mais que les grandes compagnies occidentales et européennes, avides, achètent tout le grain pour elles-mêmes et stockent les surplus dans leurs entrepôts".
"Comment l'Occident, qui parle constamment des droits de l'homme, peut-il faire cela sans scrupules alors qu'il y a des millions de personnes qui attendent du grain dans le monde?"
"Où sont la France et l'Europe des Danton et des Robespierre qui ont servi d'exemple au monde? Ces États avec de grands succès dans leur histoire sont incapables de développer une politique autre que de soumission envers les États-Unis. Il en est de même pour l'Allemagne. De plus, ces sabotages nuisent également à la propre économie de l'Europe. La dépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis la place dans une position honteuse et pousse ses pays à saboter leur propre économie", déplore-t-il.
La reconduction n’est pas garantie
Le 22 juillet, la Russie, la Turquie, l’Ukraine et l’Onu ont signé un accord sur l’exportation de céréales et d’engrais par la mer Noire depuis trois ports ukrainiens.
Un autre volet de l’accord prévoyait la levée des restrictions imposées aux exportations de denrées et engrais russes.
Début septembre, Vladimir Poutine a indiqué que la plupart des céréales étaient parties pour les pays occidentaux et non pas pour les pays africains.
Le représentant de la Russie auprès de l’Onu Vassili Nebenzia a noté que les clauses de l’accord concernant les exportations russes n’étaient pas honorées.
L’accord expire le 19 novembre. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré début novembre que le retour de la Russie dans l’accord après sa brève suspension ne signifiait pas sa reconduction.