Les craintes des autorités espagnoles de voir déménager au Maroc la base navale des États-Unis de Rota, sur la côte atlantique dans le sud-ouest de la péninsule ibérique, se confirment. En effet, l’eurodéputé espagnol José Ramon Bauza du parti de centre-droit Ciudadanos a saisi par écrit la Commission européenne pour lui demander une aide financière afin de remettre à niveau les infrastructures de la base, a rapporté le site de Ceuta TV. Le but étant de convaincre à terme les États-Unis de renouveler avec l’Espagne l’accord d’exploitation de cette base qui arrive à expiration en mai 2021. Le site d’information marocain Yabiladi a rappelé que c’est le même eurodéputé qui a tenté en avril de saboter un contrat d’armement conclu par le royaume chérifien avec les États-Unis, affirmant que les armes achetées par Rabat constituaient «un danger pour l’Espagne».
«L’Espagne a négligé ses forces armées»
Et pour cause, la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles a indiqué que la Maison-Blanche n’avait «toujours pas présenté de demande officielle pour prolonger la présence de la marine américaine sur la base de Rota», a ajouté le média.
Dans sa lettre adressée à la Commission européenne, M.Bauza a évoqué la «possibilité de recourir à des fonds européens pour dynamiser la base navale de Rota et maintenir son activité par les forces armées américaines qui la partagent avec l’Espagne depuis 1953», a rapporté Ceuta TV.
La base de Rota, un enjeu économique et stratégique pour l’Espagne
Pour étayer ses arguments, José Ramon Bauza a pointé le fait que «nous ne pouvons […] ignorer le défi marocain à la souveraineté espagnole à Ceuta et Melilla, et ses ambitions dans les eaux des îles Canaries».
Dans le même sens, il a expliqué que «pour l'Espagne, il est essentiel que l'US Navy maintienne sa présence à Rota […], non seulement à cause de l’apport de la base dans l'économie de la région, mais pour l'importance de rester un partenaire prioritaire pour les États-Unis face aux tentatives marocaines d’écarter notre pays».
Des missiles antinavires, une autre pomme de discorde
Selon Yabiladi, José Ramon Bauza a également tenté en avril de faire échouer un contrat d’armement conclu entre le Maroc et les États-Unis. En effet, le royaume chérifien qui a fait une commande d’armements américains pour un montant de 10 milliards de dollars en 2019 a réussi à décrocher l’achat de dix missiles antinavires.
«Cela constituerait un risque pour l’Espagne et affecterait négativement la stabilité dans le stratégique détroit de Gibraltar», a-t-il plaidé, selon le média.
Depuis le lancement de sa construction en 2008, la base navale marocaine de Ksar Sghir est source d’inquiétude pour l’armée espagnole, surtout après que le Maroc a multiplié sa surface par quatre pour qu’elle puisse accueillir également des sous-marins de la Marine américaine.