«J’étouffe!»: les derniers mots de Cédric Chouviat, mort à la suite d’un contrôle de police

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«Arrête», «Je m’arrête» et «J’étouffe!»: ce sont les derniers mots que Cédric Chouviat a adressés aux policiers qui ont appliqué lors de son interpellation la méthode controversée de la clé d’étranglement, relatent Le Monde et Médiapart, en se référant aux enregistrements du téléphone du livreur, auxquels ils ont eu accès.

Avant sa mort, Cédric Chouviat a crié «Arrête», «Je m’arrête» puis «J’étouffe!» à sept reprises avant de perdre conscience et de décéder deux jours plus tard à l’hôpital, font savoir Le Monde et Médiapart qui ont réussi à avoir accès aux enregistrements du téléphone de ce livreur, victime de la méthode controversée de la clé d’étranglement, appliquée par les policiers lors de son interpellation à Paris.

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Une conversation à la limite de la ligne rouge

Pour étudier l’échange et avoir une image complète de cette interpellation, les enquêteurs ont eu accès aux neuf vidéos prises par Cédric Chouviat lui-même, ainsi que trois autres prises par l’un des policiers impliqués dans l’arrestation.

Alors que les fonctionnaires qui ont analysé l’échange ont estimé qu’il était «relativement correct, même si nous pouvons ressentir une forme de "provocation" ou de "défiance" dans les paroles de la personne contrôlée», cités par Le Monde, la conversation s’envenime et finit en drame.

Lors de cette conversation qui a été à la limite de la ligne rouge, Cédric Chouviat a traité les policiers de «clowns» et de «guignols».

Ensuite, le livreur s’en prend aux policiers en leur lançant:

«Allez les provinciaux, mettez toutes les amendes que vous voulez, vous kiffez faire ça».

Avant de poursuivre:

«Franchement, vous avez vu vos têtes».

Ce à quoi l’un des fonctionnaires rappelle au livreur qu’il peut être interpellé pour outrage s’il continue comme cela.

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Il semble plusieurs fois que cet échange prend fin, mais il se relance de nouveau. Ainsi, quand le livreur a lancé les propos suivants aux agents:

«Hé mais sans votre uniforme (…) vous imaginez sans votre uniforme dans la rue vous êtes rien du tout (…) Est-ce que vous croyez vraiment que j’ai peur de vous (…) Vous croyez vraiment que j’ai peur de vous mais un mec comme… qui me casse la tête je lui arrache la tête dans la rue.»

La tournure dramatique qu’a pris cette conversation aurait pu être déclenchée par le dernier «Guignol!» adressé à l’un des policiers par Cédric Chouviat, ce qui a provoqué un «On ramène» de la part du fonctionnaire.

Après cela, les policier ont plaqué le livreur au sol, on entend le cliquètement des menottes et le «C’est bon, c’est bon, bracelets OK» de l’un des fonctionnaires, suivi des cris de l’interpellé: «Arrête», «Je m’arrête» et ensuite «J’étouffe!» à sept reprises. Il perd conscience après.

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Les raisons de l’interpellation restent floues

Alors que la défense des policiers a évoqué parmi les deux raisons à l’interpellation du livreur  la tenue du portable à la main -en sus de la plaque d’immatriculation sale-, l’homme disposait pourtant d’un kit main libre actif, fait savoir Le Monde.

«Sur l’ensemble des vidéos, les enquêteurs de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, qui procèdent à l’exploitation des fichiers, pensent reconnaître, sans certitude toutefois, un enregistrement sonore via le micro de son casque», indique le média.

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