L’expert marocain en géopolitique El Moussaoui El Ajlaoui assure dans un entretien accordé au site d’information Médias 24 qu’en raison de la crise politique, économique et sociale en Algérie, une agression de l’armée algérienne contre le Maroc n’est pas à exclure. Selon lui, le but est de détourner l’attention de la population algérienne de la crise intérieure vers un conflit régional pour délocaliser les camps de réfugiés Sahraouis de Tindouf, dont le sous-sol regorge de pétrole de schiste.
Le contexte
M.El Ajlaoui signale que pour résorber la crise financière et économique, les autorités algériennes sont obligées de passer par des décisions d’austérité impopulaires, ce qui pourrait déclencher des troubles sociaux dans le pays. «En cas de banqueroute, il n'est […] pas exclu que les responsables algériens tentent de justifier leurs mesures impopulaires, comme une augmentation des prix des denrées alimentaires, du fait d’un conflit avec le Maroc», affirme l’expert.
L’amendement de la Constitution algérienne
La nouvelle mouture du projet de révision constitutionnelle lancé par le Président Abdelmadjid Tebboune contient un amendement permettant à l’ANP de mener des opérations à l’étranger dans deux cas de figure: soit avec un mandat de l'Onu, de l'UA ou de la Ligue des États arabes, soit si un état voisin en fait la demande à l'État algérien dans le cadre d'accords bilatéraux.
«Ce dernier cas de figure est très troublant car si le [Front, ndlr] Polisario, membre de l’Union Africaine, réclame une aide militaire à l'Algérie, il n'est pas exclu de retrouver l'armée algérienne à l’est du mur», suppose El Moussaoui El Ajlaoui. «Cela permettrait aux dirigeants de faire d'une pierre deux coups: à savoir diriger le mécontentement de l'opinion publique vers un conflit régional tout en réglant le problème des champs de schistes bitumineux en délocalisant les camps de réfugiés de Tindouf vers les zones de Bir Lahlou et Tifariti», ajoute-t-il.
En cas d'agression, «tout le monde serait du côté du Maroc»
«Tout dépendra de l'évolution de la situation du Hirak [le mouvement du 22 février en Algérie qui a mis fin à 20 ans de règne du Président Abdelaziz Bouteflika, ndlr] et de la pression des grands États comme les États-Unis et la France, car la sécurité du Maroc impacte directement celle de la Méditerranée occidentale», considère M.El Ajlaoui. «S’il ne faut pas exclure ce scénario catastrophe, je ne pense pas que l'Europe et surtout l'Espagne, avec ses îles Canaries proches du Sahara [occidental, ndlr], permettront une confrontation armée entre l'Algérie et le Maroc», ajoute-t-il.
En conclusion, El Moussaoui El Ajlaoui fait savoir que même «s’il convient de rester optimiste, tous les scénarios sont à l'étude côté marocain d'autant plus que le royaume a deux yeux braqués sur la frontière grâce à ses deux satellites Mohammed VI-A et Mohammed VI-B».
Est-il possible d’apaiser les relations?
M.Tebboune a également mis en avant la position algérienne de soutien à l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l’Onu. Enfin, le chef de l’État a estimé «que cette question ne devait pas être un obstacle pour la reprise de relations normales entre les deux pays».
De son côté, le souverain chérifien Mohammed VI a proposé aux autorités algériennes la création d’un mécanisme de dialogue bilatéral pour la résolution des problèmes qui entravent les relations de bon voisinage dans le cadre d’un dialogue «franc et direct».