Les Algériens devraient «se libérer de la dépendance envers la France», car le Hirak est né d’une «bipolarité»

© Sputnik . Kamal LouadjManifestation contre la tenue de l’élection présidentielle, Alger, 12 décembre 2019
Manifestation contre la tenue de l’élection présidentielle, Alger, 12 décembre 2019 - Sputnik Afrique
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Le mouvement du 22 février en Algérie n’est pas dû uniquement à la question du 5e mandat de l’ex-Président Bouteflika, indique à Sputnik un professeur en économie de développement à l’université d’Alger. Il affirme que des causes internes et externes profondes ont généré le malaise que connaît la société.

Le mouvement de contestation populaire qui a débuté le 22 février en Algérie suite à l’annonce de l’ex-Président Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat «est l’image de ce qui se passe dans beaucoup de pays dans le monde», affirme le professeur Djamel Labidi, spécialiste en économie de développement et en enseignant de sociologie à l’Université d’Alger, dans un entretien accordé à Sputnik.

«Le facteur déclencheur»

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Pour le professeur Labidi, au-delà de l’apparence, la décision d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat «était juste le facteur déclencheur du Hirak du 22 février en Algérie». Cependant, selon lui, les raisons de ce mouvement social de contestation sont à chercher «dans l’interaction des différentes crises qui secouent les structures profondes de la société algérienne dans les domaines politique, économique et culturel». En plus de ces raisons endogènes, M.Labidi ajoute des causes exogènes dues aux crises multidimensionnelles qui touchent beaucoup de pays dans le monde.

Les causes internes à l’Algérie

L’économie administrée et les maux sociaux qu’elle a générés, dont «la corruption, est la première cause du malaise» qui a frappé la population algérienne, explique le spécialiste.

Le manque de transparence et de démocratie dans la gestion des affaires de la cité a également généré des blocages qui ont conduit à l’explosion du 22 février en Algérie, ajoute l’économiste du développement.

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Par ailleurs, Djamel Labidi ne dresse pas un tableau totalement noir de la situation en Algérie. Pour lui, beaucoup de choses ont été réalisées, notamment en matière «d’infrastructures de base, de santé et d’éducation».

Le dernier facteur de friction qui génère des tensions au sein de la société algérienne est la question culturelle. Ainsi, M.Labidi estime que les Algériens devraient «se libérer de la dépendance envers la France». Pour lui, pour des raisons historiques, deux élites se sont formées en Algérie: une arabophone et l’autre francophone. Cette bipolarité culturelle est également source de tensions politiques et sociales au sein de la population algérienne, explique-t-il.

Les facteurs extérieurs

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Ce qui se passe en Algérie «doit être relativisé» par rapport à ce qui se déroule dans beaucoup de pays dans le monde, à l’image «de la crise des Gilets jaunes en France, des manifestations au Chili, au Brésil au Venezuela et autres», affirme l’expert.

Pour lui, en plus des raisons internes légitimes qui touchent chaque pays à part, il faut prendre en considération les différentes crises internationales «notamment économique» qui ont forcément leur impact sur les situations intérieures.

En conclusion, le professeur Labidi estime que les solutions aux différents aspects de la crise qui secoue l’Algérie sont dans une compréhension profonde de l’interaction entre les causes internes et externes qui secouent le pays.

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