À un mois de l’élection présidentielle en Algérie prévue le 12 décembre, les cinq candidats officiellement retenus par l’Autorité nationale indépendante des élections peaufinent leurs projets avant le début de la campagne électorale dimanche 17 novembre. Elle prendra fin le 9 décembre à minuit.
La place de l’Algérie dans le monde
Pour le candidat, il est impératif de redéfinir les priorités et les stratégies d’action de la politique extérieure de l’Algérie.
Compte tenu de l’état actuel des relations internationales et de la situation qui perdure dans le monde arabe, M.Bengrina admet que «nous sommes pleinement conscients que l’État-nation souverain fait maintenant face à des risques énormes au profit des réseaux d’influences internationaux».
De ce fait, «nous nous estimons comme un État pivot au Maghreb, au Sahel, au Sahara et en Afrique, et nous demandons à être reconnu comme tel», a-t-il affirmé, soutenant que «nous n’accepterons pas que l’Algérie reste un État messager qui transmet des messages de l’Ouest au Sud. L’Algérie contribue à la paix, apporte des solutions et propose des idées». «Un pays qui sortira de la dépendance économique [vis-à-vis des grandes puissances, ndlr] et développera ses propres entreprises, en particulier dans le cadre de ses relations économiques (non atlantiques) avec le Maghreb, l’Afrique et le monde arabe, qui constituent son espace traditionnel. L’Algérie veut se tourner vers d'autres espaces, comme ceux du projet eurasiatique et des BRICS qui n'imposent aucune subordination tout en favorisant l'émancipation, la multipolarité universelle et la primauté du droit international, pas la loi de la jungle et la logique du plus fort», a-t-il ajouté.
Les réformes politiques et institutionnelles
Il affirme que «la première chose que je ferai est de proposer un amendement constitutionnel qui réduira les prérogatives du Président de la République et créera un équilibre entre les différents pouvoirs, sans ingérence de l’exécutif dans le fonctionnement du législatif et du judiciaire». «Je propose un système semi-présidentiel au sein duquel le parlement aura un rôle de contrôle avec la possibilité de retirer sa confiance au gouvernement. Le parlement veillera également à travailler loin des injonctions de l’exécutif auquel il est actuellement subordonné», a-t-il ajouté.
La jeunesse
Les jeunes, notamment les moins de 30 ans, qui représentent près de 70% de la population algérienne, ont été la locomotive du mouvement de contestation du 22 février. Ils sont l’une des priorités absolues du candidat d’El Bina.
La place de l’islam dans la société
En tant que candidat d’un parti islamiste, M.Bengrina tient a replacé la religion musulmane dans son environnement social et culturel de paix et du vivre ensemble, loin des clichés qui la lient à l’extrémisme et au terrorisme.
Pour lui, «toutes ces valeurs sont sacrées dans l’islam. Nous tenons cependant à les moderniser pour les adapter à l’évolution du monde». «L’islam n’est ni une religion du terrorisme ni menace pour la stabilité des patries tel que veut le faire croire le système sécuritaire américain», a-t-il expliqué.
Enfin, Abdelkader Bengrina a réagi à l’appel d’une partie de la population qui demande l’ajournement de la présidentielle, appel largement relayé par la presse nationale et internationale. Le candidat tient à préciser que «le mouvement populaire [du 22 février, ndlr] ne rejette pas les élections». «Mais il exige la levée du contrôle de l'administration et du ministère de l'Intérieur sur le processus électoral. Un souhait exhaussé à mon sens avec la création et l’installation de la Commission nationale indépendante pour l'organisation des élections, qui constitue l'une des garanties les plus importantes pour la transparence des prochaines élections présidentielles, [même si certains ne sont pas satisfaits, ndlr]», a-t-il conclu.