Dans une lettre adressée lundi 11 novembre à la ministre algérienne de l'Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, le Collectif des fabricants de l'électronique, de l'électroménager et des mobiles (Cfeem) a réagi à la décision d’exclure de la loi de finances 2020 le montage des téléphones mobiles du dispositif d'importation des kits SKD/CKD (Semi Knocked-Down et Completely Knocked-Down), éléments préassemblés et montés sur place. En effet, dans sa lettre, dont l’Algérie Presse Service (APS) a eu une copie, le Cfeem affirme que la décision du ministère est fondée «sur des données totalement erronées».
Les arguments du Cfeem
Ainsi, le Cfeem estime que cette décision est porteuse de «répercussions néfastes aussi bien sur les producteurs que sur l’économie nationale». Il précise dans ce sens que la filière de montage de téléphonie mobile assure «quelque 6.000 emplois directs et plus de 20.000 indirects».
Par ailleurs, bien qu’il reconnaisse que les actuels taux d'intégration nationale dans le montage de la téléphonie mobile étaient «infimes», le Collectif estime cependant que «les perspectives de leur amélioration étaient importantes». Il propose dans ce cadre la création d'«un comité regroupant des représentants du ministère de l’Industrie et du Collectif des fabricants, pour travailler sur un plan de conversion du régime SKD vers le régime CKD adapté à la filière».
Cependant, le Cfeem relève une «baisse» de la facture d’importation à moins de 230 millions de dollars après l'interdiction de l’importation de produits finis, engagée en 2017. Mais en 2018, cette même facture a atteint 511 millions de dollars, suite à la conversion des importations de produits finis vers l'industrie de montage local (SKD).
Comme solution intermédiaire à ce conflit d’intérêts, le Collectif propose «une révision à la hausse des droits de douane du régime SKD concernant la téléphonie mobile», mais en conservant «le droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) pour l'importation des produits finis».
La réponse de la ministre de l’Industrie
Sur la même lancée, la responsable soutient qu’«il se trouve qu’il n’y a pas de montage dans cette activité, ce sont des téléphones [finis, ndlr] qui sont importés». Ainsi, Mme Tamazirt a annoncé que les entreprises concernées pouvaient continuer leur activité «mais avec le droit commun [régissant l’importation de biens de consommation et d’équipement, ndlr] et non pas avec les avantages du montage».
La décision des autorités algériennes de réduire les importations a été motivée par la diminution des réserves de change suite à la chute des prix du pétrole en 2014. Le gouvernement algérien entend ainsi encourager l’industrie locale. Ainsi, à partir du 1er janvier 2020, les Algériens paieront plus chers leurs smartphones dont ceux des marques Condor, Huawei et Iris.