Pourquoi Bouteflika a dissout le service de la PJ des renseignements? Explications du ministre de la Justice

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Le ministre algérien de la Justice a déclaré à l’Assemblée nationale que l’ex-Président Bouteflika avait dissout en 2013 le service de la police judiciaire du Département de surveillance et de sécurité «juste pour sauver une personne», faisant allusion à l’ex-ministre de l’Énergie Chakib Khelil, cité dans plusieurs affaires de corruption.

Lors de la présentation dimanche 10 novembre à l’Assemblée populaire nationale (APN) de ses propositions d’amendements du code de procédure pénale, le ministre algérien de la Justice et garde des Sceaux Belkacem Zeghmati a affirmé que la dissolution en 2013 du service de la police judiciaire du DRS (Département des renseignements et de sécurité) avait été effectuée «juste pour sauver une personne [Chakib Khelil, ex-ministre de l’Énergie de Bouteflika, impliqué dans des affaires de corruption, ndlr]». Ainsi, le responsable a plaidé pour la réhabilitation de ce service.

«Ils ont détruit toute une institution, juste pour sauver une personne», a-t-il déclaré. «Le retrait des compétences de police judiciaire au DRS en 2013 est due à une seule personne; toute une institution est détruite à cause d’un seul homme», a-t-il martelé.

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M.Zeghmati s’est interrogé: «comment du jour au lendemain cette institution a pu devenir inutile? Sur quelle base? Y a-t-il eu une évaluation de son travail?». «Cette institution a forgé la gloire de l’Algérie sur le plan international», a-t-il ajouté, soulignant que «les officiers des services appartiennent à une institution de la République».

Dans sa plaidoirie, Belkacem Zeghmati a expliqué que les nouveaux amendements de la loi de la procédure pénale visent «la restitution des compétences de police judiciaire aux officiers des services de sécurité, ce qui n’est qu’un juste retour à ce qu’était l’Algérie depuis 1985». En effet, «les officiers des services de sécurité avaient un pouvoir de police judicaire et donc un pouvoir d’enquête depuis 1985, mais en 2013, il apparaît que certains avaient découvert qu’il fallait les en dépouiller pour les limiter uniquement aux crimes d’atteinte à la sûreté de l’État, et seulement cela», a-t-il noté.

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Révélées en 2010 en Italie, les affaires de corruption qui impliquent la Société nationale des hydrocarbures algérienne (Sonatrach), Eni et sa filiale Saipem continuent de défrayer la chronique. Elles portent sur le versement présumé de 197 millions d'euros de pots-de-vin entre 2007 et 2010 à des responsables publics algériens.

Lors du jugement de l’affaire en septembre 2018, le procureur du tribunal de Milan a fait savoir que les sommes versées aurait permis à Saipem d'obtenir des contrats pour huit milliards d'euros, et à Eni d'obtenir l'autorisation de l'ancien ministre algérien de l'Énergie Chakib Khelil pour acquérir les droits d'exploitation du gisement de gaz de Menzel, via le rachat de la société First Calgary Petroleums.

À l’issue de ce procès, Eni et son ex-patron Paolo Scaroni ont été acquittés. Quant à Saipem, elle a été condamnée à une amende de 400.000 euros et à la confiscation — en lien avec les autres condamnés — de 197 millions d'euros, soit le total des pots-de-vin versés.

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En août 2019, la Cour suprême algérienne a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil dans le cadre du réexamen des affaires dites Sonatrach I et II, a rapporté la presse locale.

L’ex-ministre d’Abdelaziz Bouteflika a été cité au mois d’avril 2019 dans deux enquêtes menées par la Cour suprême sur «une infraction à la réglementation des changes et des transferts de capitaux vers et depuis l’étranger», et la «signature par Sonatrach de deux contrats en infraction de la loi avec des partenaires étrangers».

Le quotidien Liberté a révélé que l’ex-ministre avait fui l’Algérie pour les États-Unis vers le 15 février. Le mis en cause aurait ensuite quitté les États-Unis et se serait réfugié dans un pays arabe pour échapper à la demande d’extradition de la justice algérienne.

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