La crise politique en Algérie dure depuis plus de six mois sans qu’aucune solution ne pointe à l’horizon. Deux courants politiques se dégagent: ceux qui poussent à l’élection présidentielle dans les plus brefs délais, parmi lesquels figure l’Armée nationale populaire (ANP) avec à sa tête son chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Et ceux qui pensent, qu’au contraire, il faudrait passer par une phase de transition, même si elle doit prendre beaucoup de temps, avant d’aller à l’élection présidentielle.
Qu’elle serait alors la situation de l’Algérie dans ce cas, sachant que ses réserves de change sont essentiellement déposées en bons du trésor américains? Que doivent faire les gouvernants et la classe politique pour parer à cette situation? Quels gages de garanties présentent les uns et les autres au peuple, quant à la validité de la solution qu’ils proposent à la crise politique, dans le cas où le pays se retrouverait au milieu d’une crise économique et stratégique internationale sans un Président de la République légitime?
État des lieux international et national
Dans les pays développés, les dettes ont augmenté de 1.600 milliards pour s’établir à 177.000 milliards de dollars. La contribution principale a été apportée traditionnellement par les États-Unis, où la dette a atteint 69.000 milliards de dollars dont 22.000 milliards de prêts publics qui continuent de s'accumuler à cause de l'appétit insatiable du gouvernement fédéral.
Comme l'affirme l'IIF, ce sont les pays émergents qui ont apporté la plus grande contribution à la hausse de la dette globale. Leur dette a dépassé 69.000 milliards de dollars soit 216,4% de leur PIB. La plus forte hausse a été enregistrée au Chili, en Corée du Sud, au Brésil, en Afrique du Sud et au Pakistan.
En Algérie, l’économie du pays a été maintenue en activité, depuis novembre 2017, grâce au financement non conventionnel, décidé par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia, actuellement en prison pour des affaires de corruption. Depuis la chute des prix du pétrole en 2014, les réserves de change du pays, à titre d’exemples, sont passées d’environ 179 milliards de dollars à la fin de la même année, à environ 80 milliards en décembre 2018, selon les notes de conjoncture de la Banque d’Algérie correspondant aux mêmes périodes. Les volumes d’exportation des hydrocarbures, seule source de devises pour le pays, sont en recul inquiétant. Un document officiel publié par l’italien ENI a révélé que les exportations de gaz algérien vers l’Italie sont estimées à 3,73 milliards de mètres cubes fin juin alors qu’elles étaient de 6,48 milliards de mètres cubes à la même période en 2018, ce qui représente une baisse de 42,4%. Le taux de chômage en Algérie, qui dépasse déjà les 11%, risque encore de connaître une importante hausse, selon certains experts algériens.
L’armée algérienne face à ses détracteurs
Dans ce contexte, lors de son deuxième jour de visite de travail dans la deuxième région militaire, à Oran, dans l’ouest de l’Algérie, le chef d’état-major de l’ANP a mis l’accent sur la nécessité d’organiser l’élection présidentielle dans les plus brefs délais. Il a par ailleurs supervisé les premiers tests des deux nouveaux sous-marins Kilo 636, acquis récemment auprès de la Russie, qui ont tiré des missiles Club-S sur des cibles en surface.
La «phase cruciale que l'Algérie traverse requiert de la sagesse, de la patience et de la clairvoyance», a affirmé le général Gaïd Salah, rappelant l’«approche bien étudiée» du haut commandement pour accompagner la révolution populaire du 22 février.
Mettant l’accent sur l’urgence de la situation que connaît l’Algérie en ce moment à divers niveaux et dans tous les domaines, en particulier économique, le chef de l’ANP a affirmé que «la logique impose que la préparation de cette élection commence dans les semaines à venir parce que le temps n'est pas de notre côté, comme nous l'avons souligné à maintes reprises, et parce que tout ce que nous avançons est basé sur des informations avérées et des données fiables qui confirment toutes que c'est le choix le plus sûr et le plus adéquat pour sortir de la crise actuelle».
Franklin Roosevelt et Charles de Gaulle, des exemples pour l’Algérie?
Dans cette optique, la loi de finances de 2020 sera décisive pour l’économie algérienne, car elle constitue la dernière fenêtre de tir dont dispose le gouvernement, avant l’année fatidique, pour enclencher les réformes structurelles et les mesures d’urgence à même de redresser la situation. Or, ce débat est totalement absent de la scène politique algérienne, alors qu’il ne reste que quatre mois avant la fin de l’année. Plus grave encore, si un projet de loi de finances inadapté à la situation actuelle venait à être adopté par le Parlement, il mettrait le prochain Président de la République et son gouvernement dans une situation où la marge de manœuvre dont ils disposeront sera réduite.
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