Dans le cadre de la lutte contre la corruption, après les oligarques et les responsables politiques, Belkacem Zaghmati, le nouveau ministre algérien de la Justice et garde des Sceaux, a annoncé, jeudi 22 août, lors d’une conférence de presse, sa décision de purger le secteur de la Justice de la corruption en menant une guerre sans merci aux magistrats véreux. Dans le sillage de la mise sous mandat de dépôt de l’ex-ministre de la Justice de Bouteflika, Tayeb Louh, la nouvelle dynamique insufflée par M.Zaghmati s’avère cruciale pour l’organisation de la prochaine élection présidentielle, seule voie de sortie, selon le chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, et le haut commandement de l’armée, de la crise politique qui secoue le pays depuis le 22 février.
Le ministre a identifié trois niveaux de corruption dans le corps de la magistrature algérien, affirmant que «c’est un fléau qu’il faut combattre, sans complaisance, ni tolérance», sur un ton ferme.
Pour la deuxième catégorie, M.Zaghmati a pointé des «jugements et des décisions judiciaires prononcés par des magistrats réputés pour leur droiture», relevant, néanmoins, que leur contenu est «faible», et restent en-deçà de ce qui est demandé et prévu par la loi.
Enfin, le ministre a mis dans son viseur la «troisième catégorie de magistrats au comportement suspect», et qui «prononcent des jugements de piètre qualité».
🇩🇿: incarcération de Tayeb Louh, dernier ministre de la Justice de Bouteflika. L’ancien ministre du Travail (2002-2013) et de la Justice (2013-2019), Tayeb Louh, a été transféré jeudi 22 août à la prison d’El Harrach, où il rejoint plusieurs de ses ex-collègues au gouvernement pic.twitter.com/29qsVWjcSx
— hannibal Barka (@bassemvaudais) August 23, 2019
Récupérer l’argent de la corruption
Le nouveau ministre algérien de la Justice a affirmé devant la presse à l’occasion de l'installation de la nouvelle présidente du Conseil d'État, que le fléau de la corruption en Algérie «ne se limite pas au détournement des deniers publics et à l'enrichissement illicite mais s'étend au détournement des biens publics par des décisions émanant de l'administration».
«Les administrations et les services publics ne sont pas épargnés par ce phénomène qui a terni leur réputation et celle de leurs fonctionnaires», a-t-il ajouté, instruisant la justice administrative, avec le Conseil d'État en tête, de lutter efficacement et fermement contre ce fléau.
Lutte contre la corruption : Zeghmati veut restaurer l’autorité de l’Etat https://t.co/VZUQbZZunS #الجزائر #Algeria pic.twitter.com/ACTYD45Oth
— Algérie Informations (@Algerie_Infos) August 19, 2019
Le rôle de l’armée dans la lutte contre la corruption
Dans un entretien accordé à Sputnik, Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor (1991-1992), président du parti Nida El Watan, a expliqué la position difficile dans laquelle se trouve l'armée algérienne pour répondre aux revendications de la révolution populaire et accompagner en même temps la justice dans la lutte contre la corruption, tout en restant dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles.
Quel est le sentiment de Bouteflika en apprenant que ses ex premiers ministres et ministres entrent un par un à la prison d'El Harrach
— Kamal Cherif (@kdjdz) August 22, 2019
Est il fière de ce qu'il a légué à l'Algérie ?
As t'il un sentiment de mission accomplie ?
Va t'il encore demandez pardon au peuple Algérien ? pic.twitter.com/qI0kBI0X36
L’ex-ministre du Trésor a indiqué un second danger qui complique la transition qui «est l’urgence dans laquelle se trouve le pays pour se doter rapidement de structures politiques représentatives, en raison de la crise économique». «Si on tarde plus de six mois, la transition elle-même sera compromise», a-t-il averti, soulignant qu’«on pourrait ainsi comprendre la préoccupation de l’état-major de l’armée qui craint justement qu’un processus transitionnel classique ne puisse durer au-delà de ce délai critique». «Peu d’Algériens semblent faire le lien entre ceci et cela», a-t-il poursuivi.
L’armée algérienne parle de «dossiers lourds de corruption avec des montants faramineux» L’armée algérienne parle de «dossiers lourds de corruption avec des montants faramineux»: https://t.co/N1VxVXmnWc via @sputnik_fr
— Ked (@Kedidja1) April 30, 2019