Dans le contexte de l’érosion des principes de stabilité stratégique, beaucoup de think-tanks, d’instituts et d’organisations spécialisées proposent des solutions différentes à la crise du contrôle des armes, indique le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
C'est le cas notamment du Forum international de Luxembourg sur la prévention d'une catastrophe nucléaire, dont la dernière conférence à Rome a permis aux experts principaux de présenter leur positions franches - et pas toujours flatteuses - sur ces questions. Cela explique probablement la décision d’organiser cet événement à huis clos à l’hôtel St. Regis.
Un des participants à cet événement a consenti à soulever un peu le voile du secret sur ces pourparlers à condition de garder l'anonymat. Selon lui, les experts ont étudié à Rome les répercussions éventuelles de l’effondrement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), allant d’un scénario relativement doux prévoyant le déploiement de missiles de croisière conventionnels dans les pays de l’Otan et en Russie, à une option beaucoup plus dure d'installation massive de missiles balistiques et de croisière nucléaires. Les participants ont souligné la possibilité d’entreprendre certains efforts afin d’éloigner la mise en pratique de tous ces scénarios.
Il est également absolument irréaliste de penser que la Chine acceptera de renoncer aux missiles à portée intermédiaire. Sergueï Oznobichtchev, directeur de l’Institut d’évaluations stratégiques, souligne que le parti communiste chinois a décidé de s’isoler du processus de dissuasion.
«La Chine ne dit rien de sa conception du recours aux armes nucléaires. Il existe là-bas des tunnels de plusieurs milliers de kilomètres de long où l'on mène un travail pratiquement inconnu de tous. Selon certaines estimations, la Chine occuperait la troisième place mondiale en nombre d'ogives nucléaires produites, après les États-Unis et la Russie», souligne l’expert.
Cette opinion concernant les perspectives du START III diffère pourtant de l’opinion de Robert Legvold, professeur à l’Université Columbia. Selon lui, ces perspectives sont assez sombres:
«L’effondrement du FNI pour les raisons avancées par les États-Unis a servi de prétexte au Congrès pour renoncer à l’examen de la prolongation du START III».
Selon Viatcheslav Kantor, président du Forum international de Luxembourg sur la prévention d'une catastrophe nucléaire, la mise en œuvre des propositions avancées à Rome pourrait assurer le succès de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020. Mais on ne constate pour le moment pratiquement aucune tendance positive dans ce domaine.
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