Un ex-colonel des services algériens évoque les dessous de ce qui se passe en Libye

© REUTERS / Zohra BensemraLa frontière entre la Tunisie et la Libye
La frontière entre la Tunisie et la Libye - Sputnik Afrique
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Un ex-colonel des services de renseignement algériens a déclaré à Sputnik que la campagne militaire lancée contre Tripoli visait en premier lieu l’Algérie. Il a pointé le soutien logistique qu’apportaient Paris, Riyad, Abou Dhabi et Washington au maréchal Khalifa Haftar.

Mardi 23 avril, le maréchal Khalifa Haftar de l'Armée nationale libyenne (ANL) a annoncé le début de la deuxième phase de l'attaque contre Tripoli, rapporte le quotidien libyen Al-Wasat, citant la déclaration du porte-parole de l'ANL. Abdelhamid Larbi Chérif, ex-colonel des services de renseignement algériens et expert sécuritaire et stratégique, a commenté cette nouvelle campagne militaire et affirmé dans un entretien à Sputnik que «tout ce qui se passe actuellement en Libye est dirigé contre l'Algérie». Il a par ailleurs pointé le rôle de la France, des États-Unis et des monarchies du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, dans le déclenchement de cette opération militaire.

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«Il est très important de comprendre l'enjeu politique et stratégique de cette offensive sur Tripoli de deux points de vue d'analyse», a-t-il déclaré.

Concernant le premier point, l'ex-colonel du renseignement algérien a tenu a rappelé que «dans le dossier libyen, l'Algérie a toujours défendu le principe d'une solution politique inclusive en dehors de toute ingérence étrangère». Dans ce sens, il a expliqué que «la diplomatie algérienne a fait un énorme travail pour convaincre toutes les parties engagées dans le conflit libyen à s'assoir autour d'une table et à se mettre d'accord sur une nouvelle Constitution consensuelle dans le cadre d'une solution politique inter-libyenne fédératrice dans l'intérêt de tous».

M.Larbi Chérif estime que «l'engagement de l'Algérie dans le sens d'une telle solution a dérangé les intérêts de plusieurs pays, notamment ceux des puissances coloniales».

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Quant au deuxième point, il a commenté les informations qui mettent en cause certains pays du Golfe et la France dans le soutien logistique et opérationnel au maréchal Haftar, notamment celles relatives à l'arrestation de 24 diplomates armés (13 français et 11 européens) venant de Libye par les forces de l'ordre tunisiennes. Abdelhamid Larbi Chérif a souligné qu'«avant d'engager son armée à Tripoli, Khalifa Haftar s'est rendu en Arabie saoudite. Suite à cette visite, il a déclenché l'offensive». «Ceci laisse penser qu'il a eu le feu vert des monarchies du Golfe, notamment de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, donc des États-Unis», a-t-il soutenu.

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M.Larbi Chérif a par ailleurs expliqué l'objectif recherché derrière cette nouvelle offensive militaire. L'expert en sécurité et stratégie a affirmé qu'«en bon exécutant de l'agenda franco-américain en Libye, mais spécialement de la France qui a participé à la préparation de cette offensive, il avait affirmé auparavant que dès qu'il prendra le pouvoir dans le pays, il s'attellera à la tâche de revoir la délimitation des frontières avec l'Algérie».

L'Armée nationale populaire (ANP) algérienne a procédé mardi 16 avril à des manœuvres à balles réelles près de la frontière avec la Libye. L'exercice a eu lieu au niveau du champ de tir du secteur opérationnel nord-est In-Amenas. Le général de corps d'armée Ahmed Gaid Salah, chef d'État-major de l'ANP, qui a assisté à ces séances d'entraînement, avait également inspecté les unités déployées le long de frontière avec la Libye.

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Pour M.Larbi Chérif, «ces manœuvres sont une sévère mise en garde à Khalifa Haftar, que toute atteinte à l'intégrité territoriale ou à la sécurité nationale de l'Algérie appellera une réponse ferme et appropriée de la part de l'ANP».

Une source travaillant à la présidence de la République tunisienne a affirmé à RFI que les 24 diplomates (13 français et 11 européens) arrêtés la semaine dernières par la police étaient en réalité des agents du renseignement. Leur activité en Libye pose de sérieux problèmes pour la «souveraineté» du pays, a-t-elle ajouté.

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