Le passage à l'euro signifie beaucoup plus que l'introduction d'une monnaie européenne unique. Il s'agit en fait du passage à un modèle économique parfaitement différent, a indiqué à Sputnik Antonio Maria Rinaldi, professeur d'économie politique à Link Campus University de Rome, commentant les conséquences de l'apparition de la zone euro il y a 20 ans.
«L'euro n'est qu'un instrument de cette nouvelle politique économique qui est diamétralement opposée à celle qu'avait pratiquée auparavant l'Italie […] qui permettait l'ingérence de l'État dans l'économie. Au sein de l'Union européenne, l'assistance de la part de l'État est interdite», a détaillé l'interlocuteur de l'agence.
Selon ce dernier, il est nécessaire de faire en sorte que les pays puissent, comme par le passé, corriger leur économie en cas de problème, mais cela est impossible à présent.
«À présent, nous devons faire tout notre possible pour modifier ce système incorrect. Le 26 mai, nous élirons un nouveau Parlement européen, et ce sera une belle occasion de déclarer quelle Europe nous voulons avoir. […] Si nous ne pouvons pas modifier démocratiquement les normes actuelles pour que l'économie des pays revienne au centre et non les intérêts des transnationales, nous nous retrouverons dans une crise des plus graves qui nous obligerait tout simplement à quitter la zone euro», a poursuivi l'expert.
Et d'ajouter qu'il pourrait même s'agir d'un éclatement de la zone euro elle-même.
«Avant l'euro, cinq millions d'Italiens ne vivaient pas en dessous du seuil de pauvreté», a constaté en conclusion Antonio Maria Rinaldi.
L'Italie s'enfonce de plus en plus dans la crise. Avec une croissance nulle, voire une récession cette année, et un chômage en hausse, la situation économique du pays apparaît toujours plus morose. Selon les médias nationaux, pour tenter de sortir de cette mauvaise passe, le gouvernement s'apprête à annoncer vendredi de nouvelles mesures de soutien à l'économie.